Les bons achats de Marc – Septembre 2018
Pot-pourri
par Marc Chapleau
Dans mon dernier texte, je comparais le Québec d’aujourd’hui à celui des années 80 et 90, soulignant combien nos moeurs alimentaires s’étaient raffinées, depuis.
Sauf que je me suis trouvé, ce faisant, à jeter un certain bébé avec l’eau du bain – comme le dit l’expression incroyablement sans coeur, quand on y pense.
Chose certaine, je n’aurais jamais cru, jusqu’à voilà seulement une couple de semaines, que je craquerais pour du banal… chocolat au lait.
En deçà de 60 pour cent de cacao, allez, soyez honnête, on a tendance à rejeter du revers de la main, pas assez amer, trop sucré. À l’inverse, au-delà de 80 %, cela devient quasi immangeable, ou du moins il faut être fait fort pour apprécier.
Je vous invite donc à laisser de côté d’éventuels préjugés et à essayer, par exemple, le Alunga de la maison française Cacao Barry. Si jamais vous n’aimez pas tant, rien ne sera perdu, vous l’incorporez à vos muffins et pains aux bananes, et voilà pimpés vos petits déjeuners. Pas mal mieux que du Baker’s – et acheté en sac de 1 kg non taxable, comme sur la photo, ça revient à environ 2,70 $ les 100 g, ce qui est très raisonnable.
Pour rester dans le chocolat au sens large et pour faire le lien avec le vin, mais sans aborder la fascinante question des origines et des terroirs, le porto de type Vintage ou Late Bottled Vintage est un bon choix d’accompagnement. Pour peu que le chocolat ait des nuances florales, et même s’il est relativement amer, jusqu’à 75 pour cent de cacao disons, l’accord fonctionne.
Cela dit, absolument rien ne vaut un bon expresso avec du choco.
LE PRIX DU VIN
Je retournais l’autre jour à la SAQ un grand cru classé de Bordeaux qui était bouchonné – un Pichon-Comtesse 2008.
Comme je n’avais pas ma facture et que ce vin n’est plus offert ici, j’ai dû l’échanger pour une valeur équivalente.
Résultat des courses : je suis ressorti de là avec deux champagnes et trois chablis.
Une bouteille de perdue, cinq de retrouvées – et pas n’importe lesquelles.
Malaise…
En ce sens que je comprends un peu mieux pourquoi j’hésite aujourd’hui à dépenser plus de 100 $ pour une bouteille : le prix du vin est rendu fou, pour ne pas dire débile.
C’est vrai que Bordeaux ici est en cause, avec la démesure que l’on sait. Mais aussi la Bourgogne, les hermitages et côtes-rôties, les grands toscans…
Pas étonnant que les vins « nature », entre autres, aient la cote – ceux-là sont encore abordables, pour l’instant.
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VINO ET CONGÉLO
Je me suis jadis fendu de deux ou trois textes sur le sujet, à l’époque du Voir et ensuite avec Cellier.
Loin de moi l’idée de revenir sur ce moyen de conservation à long terme – d’autant que je n’en vois plus trop l’intérêt, préférant maintenant le bouchon AntiOx et le Coravin, par exemple.
Mais voilà, plus tôt cette semaine, comme je n’arrivais plus à fermer la porte du congélateur, un peu de ménage s’est imposé.
Tout au fond, une couple de quasi-corps morts, essentiellement du blanc moelleux oublié là avec l’idée de s’en servir un jour dans les risottos ou pour les jarrets de veau braisés.
Dont un Moulin Touchais 1997 à moitié entamé et qui dormait là depuis au moins cinq ans, voire six ou sept.
Je le mets à dégeler dans l’évier pour ensuite mettre une bouteille propre et rincée au recyclage. Mais avant de le jeter, par acquit de conscience, en grand professionnel que je suis, je goûte…
Croyez-le ou non, il était encore très bon, tout à fait conforme à mon souvenir.
Moralité : range bien ta cuisine et sur le dos, qui sait, peut-être tu tomberas.
~
À boire, aubergiste !
Avouez que ça donne soif, tout ça… Rien à plus de 100 $, rassurez-vous, la plupart tournent entre 20 $ et 30 $.
Kloof Street Mullineux Chenin Blanc Old Vines 2017 – Excellent vin blanc sud-africain à base de chenin, au fruité tropical doublé d’une pointe fumée, le mix est irrésistible, les saveurs suivent, le vin est à la fois sec et gras, tout à fait rafraîchissant bien qu’il ait un certain corps. Remarquable rapport qualité-prix !
Pierre Gaillard Saint-Péray 2016 – Très beau vin de gastronomie, comme on dit. C’est dire qu’il est assez riche et assez rassasiant, tout en étant élégant et sans lourdeur. Pureté de fruit indéniable.
Pittnauer Zweigelt 2016 – Une sorte de gamay autrichien, vif et fruité, avec des notes évoquant par ailleurs le pinotage sud-africain, avec sa touche de cuir. Du gaz carbonique aussi, pas trop d’alcool, pas de sucre, pur fruit !
Beni Di Batasiolo Langhe Nebbiolo 2016 – Très bon rapport qualité-prix que ce langhe bien typé (la griotte au nez et en bouche, légère astringence), mi-corsé par ailleurs, avec des saveurs relativement profondes et bien dessinées. Fraîcheur tout du long, et passablement de finesse – surtout pour à peine plus de 18 $.
Domaine De L’île Margaux 2015 – Bordeaux bio de bonne facture, issu d’un assemblage de merlot (45 %), de cabernet-sauvignon (20 %), de cabernet franc, de malbec et de petit verdot. Souplesse et typicité, pas de surextraction ni de caractère solaire si bien que le millésime se trouve sublimé, pour ainsi dire.
Klein Constantia Métis Sauvignon Blanc 2016 – Très bon sauvignon blanc d’Afrique du Sud, fruit d’une collaboration entre le ligérien (Loire) Pascal Jolivet et le légendaire domaine Klein Constantia. De la fraîcheur, un certain gras aussi, notable pureté du fruit, pas d’encombrement boisé. Et un caractère bien sec.
La Chablisienne Cuvée La Sereine 2015 – Toujours aussi bon, fiable et sans concession. Bien typé chablis, bien sec, pas aussi riche que je le redoutais (chaude année 2015) et c’est tant mieux, le vin est nerveux et croquant, sans pour autant manquer de moelleux, la texture est un brin soyeuse. Chapeau, la cave !
Domaine Perraud Mâcon-Villages 2016 – Belle réussite que ce Mâcon aux accents purs et fruités, avec des notes de tabac et d’amande légèrement grillée. De l’acidité, du tonus, peu ou pas de notes boisées, finale d’une bonne persistance. Bon rapport qualité-prix, à un peu moins de 20 $.
Pesquera Dehesa La Granja 2008 – Très bon achat que ce rouge espagnol plutôt boisé mais intelligemment, sans que le fruit ne soit écrasé. Belle évolution (c’est un 2008), du corps, de la fraîcheur.
Marc
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