Hors des sentiers battus – Mai 2018

Sucré salé
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Qui ne le sait pas : c’est mon dada, le sauternes. Ma marotte, mon TOC, mon idée fixe.

Or après 33 ans d’écritures et d’expérimentations sur le sujet, je crois pouvoir aujourd’hui affirmer que… je n’en aurai jamais fait le tour.

Ce serait le bouquet, d’ailleurs. Ça signifierait que je n’ai plus rien à dire, que je ne fais que recycler de vieux contenus. Grands dieux, jamais !

Parlant de vieilleries, il y a eu ce blogueur qui m’a demandé la semaine dernière si j’allais imiter Jacques Benoit et écrire, moi aussi, mon livre « posthume » – comme il a laissé tomber par inadvertance avant de ne cesser de s’excuser tout au long de la dégustation.

Bref, est-ce que je vais bientôt rédiger mes mémoires ?

Pour évoquer, par exemple, le début des années 1990 et ce gênant repas au Chili avec un producteur pro-Pinochet qui varlopait les « communistes » sous le regard oserais-je dire absent du pape Jean-Paul II, encadré sur le mur de la salle à manger ; ou la fois, beaucoup plus récente celle-là, où notre trio de journalistes s’est retrouvé stone à Beaune ; sans parler du savon que m’a jadis passé au château La Louvière le patriarche bordelais André Lurton, parce que j’avais osé mettre en cause dans une chronique son imprudent fiston…

Aligner les anecdotes, hein ? Sûrement. Un jour, peut-être.

Chose certaine, aussi bien faire ça avant d’être mort – gros clin d’oeil ici dans ta direction, collègue.

Trêve de condoléances.

Le rapport avec le sauternes, tout ça ?

Comme d’hab : aucun.

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Alois Lageder Pinot Bianco 2016

 

Un vrai Surf & Turf 

C’est juste qu’on fête mon plus jeune, cette fin de semaine, et que traditionnellement, on programme pour l’occasion un festin homard et sauternes.

En accompagnement, mayonnaise maison à l’estragon et risotto aux champignons. Éventuellement quelques asperges, qui sont de saison.

That’s it. Notre Surf & Turf maison.

Ah, j’oubliais : en entrée, mes fils ne le savent pas encore mais je vais le leur suggérer, du foie gras. Comme ça, on pourrait rester sauternes tout du long.

Sauf qu’avec la très probable tarte au chocolat au dessert, c’est moins évident. L’occasion de clore les agapes avec un grand Vintage ?

Beaucoup de sucre, dites-vous ?

Yep. Beaucoup d’acidité aussi, de fruit, de notes salées et iodées dans le homard, d’amertume dans le cacao, d’accents floraux dans le porto.

Il reste juste à placer un champagne dans ce line-up.

Pas évident. À la toute fin, en guise de night cap, ça ferait un peu décadent.

S’agit de penser à ça, de prévoir, c’est absolument essentiel, un crescendo, une apothéose.

Y a pas à dire, c’est vraiment pénible, recevoir…

~

À BOIRE, AUBERGISTE !

Heureux hasard : j’ai bu un excellent sauternes ces jours-ci, le Cru Barréjats 2004, qui n’est même pas un cru classé.

Près de 14 ans d’âge, très commode bouteille de 500 ml : ce n’est pas donné, 51 $, mais ça n’en reste pas moins une affaire !

Voici par ailleurs une sélection de très bons vins à découvrir, de tous les horizons et à un peu tous les prix – tout tourne autour de 20 $ à 30 $.

Cru Barréjats Sauternes 2004Viña Cobos Felino Chardonnay 2016

Vina Cobos Felino Chardonnay 2016 – Un « chardo » costaud, boisé passablement, mais aussi bien fruité et bien soutenu par l’acidité – fût-elle naturelle ou ajoutée. De la fraîcheur, malgré le côté baraqué. À moins de 20 $, ce blanc élaboré par l’équipe du Californien Paul Hobbs constitue un bon rapport qualité-prix.

Ijalba Reserva Rioja 2014 – Toujours aussi fiable, ce rioja au nez vanillé marqué également par l’ananas (!) et la banane. La bouche est mi-corsée, sans lourdeur, plutôt tendue, avec une bonne acidité. Persistance correcte.

Ijalba Reserva 2014Domaine De Montbenoit 2016

Domaine De Montbenoit 2016 – Un coteaux-du-giennois, blanc de la Loire élaboré avec du sauvignon blanc. Le vin est vif, pas du tout marqué par le buis, des notes miellées même, un caractère bien sec, bien trempé.

Zuccardi Q Cabernet Sauvignon 2015 – Très belle bouteille, que ce Cabernet argentin de la vallée de Uco, dépourvu de notes végétales, plutôt marqué par la framboise et les épices. La bouche suit, en fruit et en fraîcheur, avec une acidité qui tonifie l’ensemble. Très bon rapport qualité-prix.

Zuccardi Q Cabernet Sauvignon 2015Georges Descombes Brouilly 2015Gabriel Meffre Plan De Dieu St Mapalis 2016

Georges Descombes Brouilly 2016 – Léger, floral et acidulé, mais il faut aimer le style “nature” dépouillé – ce qui, en l’occurrence, avec cette bouteille-ci, m’interpelle. Toujours cette note, avec bien des “nature”, qui rappelle le cidre.

Gabriel Meffre Plan De Dieu 2016 – Côtes-du-rhône-villages corsé et épicé, avec des notes de tabac frais (le grenache). Des saveurs par ailleurs bien fruitées, légèrement astringentes et assez persistantes.

Marc

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