Les bons achats de Marc – Fevrier 2018
Hé, le jeûne !
par Marc Chapleau
C’était l’autre jour, dans une allée, au IGA. « Et puis Chapleau, j’imagine qu’il ne peut être question pour toi, chroniqueur en vin, d’arrêter de glouglouter durant 28 jours, comme bien du monde font en février ? »
Poser la question, détrompez-vous, ce n’est pas y répondre.
Il m’est arrivé dans le passé non seulement de faire voeu d’abstinence, mais aussi d’arriver à respecter ce dernier.
Cinq jours, j’avais tenu.
Voilà pour ma prouesse.
Cela dit, je ne vois pas trop l’intérêt à cesser de boire de l’alcool un mois durant. À moins d’avoir quelque chose à se prouver à soi-même ou à prouver aux autres, ou encore à moins d’avoir quelques disgracieux kilos en trop et donc, à portée de main, un moyen tout trouvé de s’en débarrasser – sans devoir couper dans le gras ou dans le sucré.
Bien entendu, est-on limite alcoolique que la mesure tombe sous le sens. Encore que si l’on a vraiment des problèmes avec la chose, quatre petites semaines fussent-elles bien pensées n’y changeront rien.
Pour un peu, j’avancerais même que l’un des meilleurs remparts contre l’abus et donc la dépendance en question, c’est d’apprendre à déguster systématiquement – autrement dit de boire avec attention, dans le but de partager l’expérience et les impressions.
Cela freine, mine de rien, la consommation.
À BOIRE, AUBERGISTE !
Avant d’y aller avec mes conseils d’achats, un mot sur une relative déconvenue subie samedi dernier au souper.
Nous avons débouché, en rouge, deux bourgognes : un Échezeaux 2005 Domaine des Perdrix et un Gevrey-Chambertin 2001 Domaine Charlopin.
Ce dernier, qu’on m’a servi à l’aveugle, m’a fait patiner : je suis même passé par Bordeaux, le nord du Rhône, l’Espagne… hmm peut-être la Toscane, ça se peut, fils ?
Bref je pataugeais, ramais, vasouillais et autres métaphores aquatiques.
Évolué, limite tertiaire, mais aussi relativement riche et corsé, tout en rondeur ; jamais je n’aurais cru être en Côte-de-Nuits !
Tout ça pour dire que ce modeste gevrey communal a clenché l’Échezeaux Grand Cru, lequel manquait de profondeur, de complexité.
Et c’est là que la fameuse « mauvaise passe » vient à mon secours et me fait paraître moins niaiseux : quand ils sont fermés comme ça, bien des vins se ressemblent dangereusement.
Si bien qu’à l’évidence, ce ne fut samedi passé qu’un léger hoquet, ce flottement, cette indécision.
Au fond, j’en suis sûr, je demeure bel et bien un dieu de la dégustation.
Les pendules remises à l’heure, les suggestions de la semaine, à présent :
Cline Pinot Noir 2016 – Un pinot noir californien gourmand et typé, pas trop boisé, pratiquement sec, qui goûte bon la fraise, généreux et rafraîchissant. [22,60 $]
Kilikanoon Killerman’s Run Shiraz 2015 – Un shiraz convaincant, typiquement australien avec ses notes très sweet fruit avec un trait d’eucalyptus. Boisé marqué mais harmonieux, beaucoup de fruit en bouche également, du corps, et aussi une indéniable fraîcheur. [21,95 $]
Kilikanoon Mulga GSM 2016 – Assemblage grenache-syrah à parts quasi égales, complété par dix pour cent de mourvèdre. Le vin, qui provient de la Clare Valley, est pour ainsi dire sur la retenue, sans exubérance mais pas sans fruit ni notes épicées. La syrah ressort en finale. Dans l’ensemble, un très bon rouge australien, passablement élégant. [19 $]
Don Pascual Reserve Tannat 2016 – Excellent rapport qualité-prix que ce rouge d’Uruguay à la fois rond et corsé, avec tout de même une bonne assise tannique. Bien sec, par ailleurs. [16,70 $]
Château Lafitte-Tramier Médoc 2005 – Un cru bourgeois évolué – il a douze ans bien sonnés -, un poil bretté ou sinon animal, assez corsé, bien en chair et aussi en fraîcheur. Compte tenu de l’âge, le prix est bien mérité. [35,25 $]
Château Soleil Puisseguin Saint-Émilion 2010 – Quel beau millésime, que le 2010 à Bordeaux ! Une acidité bien tonique vient rehausser ce vin de la Rive droite bien en chair et avec la juste dose de tannins. Boisé bien intégré. À ce prix, une très bonne affaire. [34,50 $]
Joseph Mellot La Chatellenie Sancerre 2016 – Un sancerre tropical, à la fois sauvignonné (pas trop) et marqué par les fruits exotiques (mangue, ananas). De la nervosité en bouche, acidité bien marquée, du gras également, une impression quasi sucrée bien que le vin ait peu de résiduel (2,6 g). [26,70 $]
Lustau East India Solera – Un xérès de type Cream, assez sucré (130 g) mais délicieusement noisetté par ailleurs, et avec des notes rancios très convaincantes. L’acidité, notable, garde le tout bien droit. Gourmand, et rafraîchissant ! Rapport qualité-prix exceptionnel. [23,05 $ les 500 ml]
Marc
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