Les bons achats de Marc – Octobre 2017
Sortir du placard– pour de vrai, cette fois
par Marc Chapleau
Mon cellier n’est plus sous l’escalier.
Après trente quelques années de loyaux services, mon cagibi a accroché ses patins.
Mes bouteilles logent désormais dans une cave en bonne et due forme, spacieuse, un vrai walk-in où, à défaut de ranger mes smokings, je stockerai quelques belles pièces de couleurs et de textures tout aussi variées…
Quelle mouche m’a piqué ? Pourquoi, soudain, l’illumination ?
Mes fils, ces chenapans, devenus de sérieux amateurs eux aussi, y sont pour quelque chose. Plus prosaïquement, de m’être pété la tête sur une contremarche, l’autre jour, tandis que je cherchais un flacon au fond de feu mon réduit, cela a également contribué à me remettre les idées en place.
À propos de ce nouveau rangement : les conditions de conservation n’y changeront pas drastiquement.
L’hiver, de toute manière, n’est pas préoccupant. Il fait frais au sous-sol, et il suffit d’allumer l’humidificateur, si le taux d’humidité baisse sous la barre des cinquante pour cent.
Et l’été prochain, si tout se passe bien, la température maximale dans la nouvelle cave, aménagée au nord, devrait tourner autour de 16 ou 17 degrés.
Pour le reste : noirceur quasi totale, et pas d’odeur ni de vibrations – sauf quand j’ai forcé un peu sur la bouteille et que je ronfle comme un camion dans la pièce juste au-dessus.
Surtout pas de climatiseur, pas nécessaire, cher pour rien – malgré les propos étalés dans les journaux, encore tout récemment, et qui laissent avec complaisance les vendeurs d’armoires réfrigérées nous vendre leur salade…
D’ailleurs, à ce propos, écoute bien, Chose : même en Europe, dans des châteaux, il arrive fréquemment que les stocks de vin passent de 10 degrés l’hiver à près de 18 voire 20 degrés l’été. Sans coup férir. Progressivement, au fil des mois. C’est d’ailleurs la clé, et de nombreux vignerons estiment tout à fait normal que le vin qui vieillit longuement en cave, dans sa bouteille, suive lui aussi le rythme des saisons.
QUE SERA SERA
C’est bien beau, une nouvelle cave à vin – en passant, merci pour le gros coup de main, fils –, mais encore faut-il la remplir. Ma réserve a en effet fondu un peu ces dernières années, j’en ai bien peur.
J’achète moins.
Pourquoi ? Les varices – l’avarice, pardon –, sûrement pas. L’âge, ah ça, peut-être.
Aucun problème avec mes papilles, cependant, je goûte toujours comme un dieu. C’est juste que l’horizon a tendance à se rétrécir.
Exemple, un porto Vintage d’un très grand millésime, qui demande vingt voire trente ans à se bonifier, je me demande aujourd’hui si j’ai intérêt à mettre ça en cave.
Mes fils, eux, n’auraient rien contre…
Brigands, va !
~
À BOIRE, AUBERGISTE
J’ai l’air de leur manquer de respect mais il n’en est rien. À chaque fois qu’ils débarquent chez moi avec un canon, mes gars remontent big time dans mon estime.
En attendant leur prochaine visite, voici mes suggestions de la semaine pour vous, lecteurs, qui êtes tout de même assez chers à mon coeur
Avec les huîtres, pour commencer :
William Fèvre Chablis Champs Royaux 2016 – Un excellent chablis d’entrée de gamme ample et frais, avec du gras (2 g) et une acidité bien présente, qui lui donne du tonus. Finale bien dessinée, avec de l’éclat et une pointe saline. [23,55 $]
Domaine Laroche Chablis Saint-Martin 2016 – Légèrement arachide au nez, du beau fruit en parallèle cela dit, des notes citronnées, florales également. Un chablis sous tension, avec une belle texture et passablement de persistance. [24,55 $]
Domaine d’Henri Chablis 1er Cru Fourchaume 2014 – Un excellent chablis, profond, minéral, bourré de fraîcheur. Grand millésime dans la région, et cela paraît. [48 $]
Clotilde Davenne Petit Chablis 2015 – Très bon petit-chablis, bien typée (laine mouillée), nerveux, aux saveurs par ailleurs bien dessinées, bien franches, et à la finale agréablement citronnée. [26,45 $]
Jean et Sébastien Dauvissat Chablis 1er Cru Vaillons 2012 – Un chablis d’excellente facture, bien que pour le moment entre deux eaux, qui commence à mieller. Très pierre à fusil, cela dit, bien typé, et beaucoup de profondeur. À carafer le matin pour le soir, ou à attendre au cellier jusqu’en 2019-2020. [38,50 $]
Et de tout maintenant, pour accompagner à peu près tout :
Jean-Claude Boisset Bourgogne Les Ursulines 2016 – Très belle réussite que ce bourgogne d’entrée de gamme, qui ferait rougir d’envie bien des crus mieux classés. Pureté du fruit, boisé en bride, délicat, de l’acidité, du nerf mais aussi du gras et une finale poivrée. Chapeau ! [22,35 $]
Marquis de Bordeaux 2015 – Un convaincant bordeaux tout court, fruit d’un assemblage de merlot et de cabernet franc, pas compliqué mais équilibré et fruité, avec juste assez de structure tannique, très digeste. [18,65 $]
Paul Mas Origines Grenache de Grenache 2016 – Un vin de pays d’oc bluffant, nerveux et fruité, avec une note de pâtisserie un peu comme avec le pinot gris. Tout plein de fraîcheur, et un caractère bien sec. Remarquable rapport qualité-prix. [11,55 $]
Palacio Petalos Bierzo 2015 – Rouge du nord-ouest de l’Espagne élaboré quasi exclusivement à partir du cépage mencia. Floral au premier nez, aussi un agréable arôme évoquant le goudron. Peut-être pas autant de nerf qu’à l’accoutumée, pour un bierzo, mais un bon fruit mûr et une bonne structure. Pour mémoire : un très bon match avec les côtes levées. [23,45 $]
Château Mont-Redon Lirac 2015 – Impeccable, comme à peu près tout ce que signe ce domaine. Un rouge corsé et concentré, à la fois tendu et souple, à la finale épicée (la cannelle). Un vin jeune encore, qu’on pourrait attendre quelques années. [24,75 $]
Celler Pinol Mather Teresina D.O. Terra Alta 2012 – Un excellent rouge espagnol costaud et boisé, mais profond et minéral. Malgré la puissance, rien de capiteux, le boisé est en train de se fondre, l’ensemble est pratiquement prêt à boire. [48 $]
Osoyoos-Larose Le Grand Vin 2014 – Un des meilleurs Osoyoos-Larose qu’il m’ait été donné de goûter. Les vignes prennent de l’âge, et cela paraît : un rouge de l’Okanagan certes toujours très boisé, mais la profondeur fruitée est également très manifeste, les tannins sont de qualité, l’acidité est bien présente, l’ensemble est généreux et passablement élégant. Pour mémoire : assemblage à base de merlot (aux deux tiers) et d’autres cépages bordelais. [43,60 $]
Marc
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