Les bons choix de Marc – Sept 2016
Bières et vins
par Marc Chapleau
Beaucoup de bons vins à vous recommander, cette semaine. Mais pour commencer, un retour sur l’IBU, le festival organisé la semaine dernière à la Tohu, à Montréal, par l’Association des microbrasseries du Québec.
J’y suis allé le vendredi après-midi, comme prévu. Peu d’achalandage, un bon service sur les stands, un environnement très correct, et relativement facile pour moi de recracher mes gorgées même s’il n’y avait pas vraiment de crachoirs, puisque, tout dépendant, le sol était en terre battue, en poussière de roche ou en gazon. Ça l’absorbe, comme dirait l’autre.
Maintenant voici, en rafale, les bières que j’ai aimées. Vous pourrez sûrement vous les procurer dans l’un ou l’autre des superdépanneurs spécialisés qui sont désormais légion, un peu partout au Québec. Attention, cependant : j’ai quasi tout bu tiré du fût ; les mêmes bières, embouteillées, y perdront sûrement un peu au change (en fraîcheur, en éclat).
* La Grisette Arrière-Pays de la mythique brasserie gaspésienne Auval : la star à mes yeux, superbe texture, caractère acidulé affirmé mais rien de pointu. Wow ! Et servie à l’IBU à partir d’une bouteille, qui plus est.
* Ta Meilleure, une IPA brassée par Lagabière, à Saint-Jean-sur-Richelieu : 7 pour cent d’alcool, IBU à 40, rappelle la célébrissime Yakima du Castor (Rigaud) en plus ample et plus rafraîchissante. Chapeau !
* La California IPA Citron de la micro Le Trèfle Noir, à Rouyn-Noranda: bel et bien citronnée au nez comme en bouche, et caractère épicé très rafraîchissant. Une des meilleures !
* La Nano IPA de Hoshlag (pour Hochelaga) : seulement 1,8 % d’alcool, 45 d’IBU (pour International Bitterness Units), un caractère houblonné affirmé. Pour mémoire : la plupart des bières commerciales, les Molson et Heineken de ce monde, ont eu un IBU tournant autour de 15 et sont donc, comme on le sait, peu amères.
* La Babylone Sauvage # 1, une IPA Session du Cheval Blanc : IBU à 45, un peu brettée, réduite, grande fraîcheur, finale houblonnée.
* La Calice de la micro montréalaise Le Saint-Bock, une IPA titrant 6,5 % et à l’IBU plus que respectable de 76 : une bière riche et corsée, vraiment excellente. (Je me suis senti un peu déstabilisé en commandant, doit-on prononcer qua-lisse ou k-lisse ? Amis lecteurs et biérophiles, éclairez-moi.)
* La Barberie IPA, de Québec, à 4,8 % d’alcool et avec un IBU à 40 : fraîcheur, profondeur, équilibre, bien houblonnée.
* La Saison Fleurs Sauvages de la brasserie Dunham : bien fruitée, amertume juste assez prononcée et finale un tantinet florale, si je ne me suis pas laissé suggestionner…
* La Padou IPA Blanche de la Microbrasserie du Lac Saint-Jean : IBU à 48, bel équilibre, acidité structurante.
Allez, crache !
Pour revenir sur l’acte de recracher : pourquoi, dans le monde de la bière, ne le fait-on pas, ou sinon très peu ? Bonne question. No lo sé. Quoique j’ai l’impression que c’est pour se démarquer du vin et des petits doigts en l’air…
« Allez, come on, nous autres on est du monde de broue, on avale ok, pis emmènes-en donc une autre, que je te goûte ça ! », et patati et patatras, j’en ai bien peur, car à force d’ingurgiter, même à 5 ou 6 % d’alcool, ça te rattrape dans le détour, tu te mets à avoir l’élocution un peu laborieuse tout en gardant les yeux dans les bons trous. Parlez-en aux bonzes d’Éduc’Alcool, pour voir.
Le problème, c’est l’effervescence, m’a-t-on objecté. Si tu n’avales pas, si ça ne dévale pas le gosier, tu goûtes mal, tu ne peux pas vraiment évaluer.
Ah bon. En Champagne pourtant, les vins sont mousseux aussi, et les dégustateurs, tout de même pas nés de la dernière pluie, recrachent soigneusement leurs gorgées, quand ils goûtent plus que, disons, quatre ou cinq produits différents.
Coudonc.
~
À boire, aubergiste !
Passons maintenant au vin. Parmi ce que j’ai goûté de bon dernièrement et que je vous recommande :
René Bouvier Bourgogne Rouge Le Chapitre Suivant 2014 — Vraiment très bon, mi-corsé, bien typé pinot, bien fruité et avec de la profondeur. Finale épicée, relativement persistante. À servir frais mais pas trop, pour que sa texture par ailleurs assez ample se révèle, elle aussi. Excellent rapport qualité-prix ! [24,95 $]
Chartier Le Blanc Pays d’Oc 2014 — Très bon languedoc blanc, assez corsé, assez sec également, pas très aromatique, vraiment pas racoleur. Le soufre est bien présent cependant, préférable de faire respirer le vin au préalable. [en promotion à 17,95 $]
Cave De Roquebrun Saint-Chinian Terrasse De Mayline 2015 — À petit prix [14,95 $], un rouge du Languedoc tout en fruit – pas de bois, que de la cuve –, peu corsé et rafraîchissant tout en reflétant bien ses origines méridionales ; il a une certaine richesse, c’est dire, de la générosité.
Ricasoli Chianti Classico Riserva 2013 — Un chianti vif et fruité, avec de l’allant, de l’astringence, de la profondeur également. Conviendra à pratiquement toutes les grillades de viande, même blanche. [24,95 $]
Sirius Bordeaux 2012 — À moins de 14 dollars (en promotion), difficile de trouver meilleur « petit » bordeaux, boisé certes, mais avec du fruit et de l’équilibre.
Montgras Quatro Cabernet Sauvignon 2015 — C’est corsé, concentré, très sweet fruit également. À moins de 20 $, et pour peu qu’on aime l’exubérance des vins du Nouveau Monde, on ne se trompera pas.
Le MD de Bourgeois Sancerre 2014 — Très sauvignonné (tous ne vont pas aimer cette odeur de buis prononcée) mais aussi très vif, quasi mordant, énormément d’allant, trame serrée, profondeur. Persistance notable. [39,75 $]
Patrick Baudouin Effusion Anjou Blanc 2014 — Excellent blanc bio à base de chenin, fruité, fumé et miellé, relativement corsé et goûteux (malgré l’alcool à seulement 12,5 %), bien concentré. Persistance notable, par-dessus le marché. [30,75 $]
Marc
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