Inspire, expire, Inspire…
Hors des sentiers battus
par Marc Chapleau
« Air Miles ? Besoin d’un sac ? Seriez prêts à faire un don ? Cette semaine, on aide la grenouille transparente et l’alligator albinos, tous deux en voie de disparition… »
Je déteste passer à la caisse, au sens propre comme à l’autre, que vous pouvez certainement figurer.
La SAQ est toutefois plus relax, plus civilisée que les IGA et Provigo de ce monde.
« Oh là, bons choix monsieur, on a goûté celui-là hier à l’arrière avec les autres employés, bien aimé, j’en ai acheté trois moi aussi ! Bon, maintenant, trêve de bavardage… vous avez la carte Inspire ? »
Si, je l’ai, dès sa sortie j’en ai fait la demande, je me demande encore pourquoi, mais non, je ne la traîne jamais avec moi. En fait je suis contre, pour tout dire.
« On serait fou de s’en passer », dit pourtant le slogan sur saq.com.
Question de principe, disons. Même si un de mes confrères, à qui je m’ouvrais récemment de ma dinguerie, n’en revient toujours pas… « Tu devrais, Marc ! Ça coûte rien ! »
Gratos tant que tu veux. Je me méfie. Pas à cause de Big Brodeur ou quelque chose de ce genre. Juste que je n’aime tout simplement pas l’idée d’être fiché, ausculté et interpellé, fut-ce pour mon bien.
Voilà.
Ainsi parlait Cowabunga.
IBU À LA TOHU
À présent, au lieu d’inspirer ou d’expirer, que diriez-vous de siroter ?
Du 26 au 28 août prochains, c’est en effet l’IBU à la Tohu, dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, un festival organisé par l’Association des microbrasseries du Québec. Des dizaines de micros d’ici, les brasseurs souvent sur place, des brassins élaborés exprès pour le festival, et quatre grands thèmes pour ces trois jours : IPA, Sour/Chêne/Funky, Saison et Bières aux fruits. Food trucks sur place, droit d’entrée à 15 $ par jour incluant le verre officiel et 10 jetons de consommation.
IBU, c’est pour « Immersion Brassicole Unique » mais aussi comme dans International Bitterness Units, l’échelle numérique de mesure de l’amertume des bières. Naguère encore, seuls les initiés parlaient d’IBU, et jamais, ou à peu près, ce degré n’était indiqué sur les bières. Alors qu’aujourd’hui, jusqu’à la Farnham Ale & Lager qui a baptisé ses bières chacune avec son chiffre IBU correspondant.
Quoi qu’il en soit, difficile de voir comment on pourrait ne pas vouloir faire un saut à la Tohu la fin de semaine prochaine, à peu près tout ce qui compte dans la pétillante industrie brassicole québécoise y sera !
Même moi, imaginez, je vais y traîner mes savates, sauf erreur le vendredi.
Et je serai facile à repérer puisque je serai probablement l’un des seuls à recracher…
Autre milieu, autres moeurs.
~
À boire, aubergiste !
Domaine de la Garrelière Cuvée Cendrillon 2014 — Blanc d’appellation Touraine (sauvignon) avec du caractère et passablement de corps. Empreinte fumée (la minéralité ?) marquée et fruité bien mûr, qui confère presque une impression sucrée. Reste de gaz carbonique qui avive l’ensemble. [25,15 $]
Naudin-Ferrand Côtes-de-Nuits-Villages 2014 — Pur fruit, pur pinot, pur plaisir. Aussi simple que cela ! Un bourgogne rouge à la fois généreux et rafraîchissant, appuyé par une tonifiante acidité. [36,50 $]
Refugio Pinot Noir Casablanca 2015 — Bourgogne, ne va pas te rhabiller, quand même, mais en voilà un qui te chauffe le popotin! Un pinot noir chilien à l’étonnante pureté de fruit et avec du tonus, ainsi que de la fraîcheur. Pas donné, mais franchement, ce vin est bluffant, vraiment. P.-S. Non filtré, le vin est un peu réduit, il a besoin de respirer un peu. [26,05 $].
Copain Tous Ensemble Syrah Mendocino 2013 — Une syrah californienne fringante, fruitée et enjouée, c’est fou de dire ça, je sais, ce n’est que du vin, mais on sent bien la générosité et le côté désinvolte du Nouveau Monde dans ce rouge par ailleurs bourré de fraîcheur et avec une finale rappelant la menthe. [36,75 $]
Aponte Reserva Toro D.O. 2006 — Rouge espagnol assez évolué bien que toujours bien frais et fougueux, avec ses notes épicées et chocolatées ainsi que son acidité marquée. L’ensemble demeure équilibré, à point et corsé. (La bouteille est très lourde, en passant.) [25,35 $]
Château Bujan Côtes-de-Bourg 2014 — Très bon bordeaux rouge d’une appellation moins connue (côtes-de-bourg), corsé et concentré, et aussi plutôt finement boisé. Bel équilibre d’ensemble et excellent rapport qualité-prix. [22,95 $]
Causse Marines Les Greilles Gaillac 2015 — Blanc du sud-ouest français issu d’un assemblage de cépages locaux (len de l’el surtout, mauzac, un peu de muscadelle aussi) qui sent bon la pomme chaude et épicée (muscade), la poire également. En bouche, les saveurs sont corsées, légèrement sucrées (4,8 g), un peu capiteuses, avec de la minéralité. Notes fumées en finale. Excellent ! [23,85 $]
Cave de Roquebrun Les Fiefs d’Aupenac Saint-Chinian blanc 2015 — Qui a dit que Languedoc rimait avec vin rouge ? Chose certaine, je n’apporterai pas d’eau au moulin, tant j’ai de bonnes choses à dire à propos de ce blanc de la cave coopérative de Roquebrun, à la fois riche, parfumé et nerveux. On sent le chêne (vinifié en fût, élevé sous bois durant neuf mois) mais rien d’excessif, l’apport est bien dosé. [19,95 $]
Marc
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