Le sacre du printemps

Hors des sentiers battus
par Marc Chapleau

Marc Chapleau

Marc Chapleau

Je sais, calmons-nous, on n’est que le 18 mars, mais c’est tout de même ce dimanche matin, dans moins de 48 heures, que surviendra l’équinoxe du printemps 2016.

Si ça se trouve, alors qu’il fait doux au moment où j’écris ces lignes, le ciel s’apprête peut-être à nous tomber sur la tête. D’où le fameux sacre…

Mais bon, la machine n’en demeure pas moins en branle, et bientôt on ne se pourra plus, assoiffés de chaleur, de trilles d’oiseau et d’entrée de garage nettoyée à grande eau, en bozo.

Cette année, en cette fin mars, il y a aussi Pâques qui nous pend au bout du nez.

Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire quoi boire avec le jambon, la quiche à Lorraine ou les repas de cabane à sucre. Enfin si, ou plutôt non, je ne vais pas vous laisser tomber ; en énonçant, attendez que je mette mon chapeau de sommelier, cette règle cardinale des accords vins-mets:  toutes les fois où vous êtes embêtés, chaque fois où l’accord ne coule pas de source, optez pour un rosé. Banal, je sais, réducteur, you bet. Sauf que neuf fois sur dix ça marche. Sans compter que ça connote l’été. Or vu qu’on est encore pris avec mars, avril et peut-être même mai…

Bonne nouvelle, j’en ai quelques-uns à vous recommander, de ces rosés.

Le Pive Gris Vin Rosé 2015 Rendez Vous La Côte Rêvée 2015 Château La Tour De L'evêque Pétale De Rose Rosé 2015D’abord, de Provence, le très connu Pétale de Rose de Régine Sumeire, qui vient d’arriver dans sa version 2015. Discret, comme à l’accoutumée – peu coloré, peu aromatique aussi. Cela n’empêche pas ce rosé de plaire, avec sa texture assez grasse, ses notes épicées et sinon sa minéralité, du moins son caractère agréablement (bien que légèrement) tannique et astringent. À table, une valeur sûre, sur à peu près tout sauf peut-être des viandes rouges, quoique, c’est encore drôle, comme on dit.

Du Languedoc maintenant, avec un nom et une étiquette plutôt cucul, qui ne font pas vraiment rêver, le Rendez-Vous La Côte rêvée 2015. Un rosé sec et léger, sans vice et avec tout de même quelques bonnes vertus, du fruit et de la fraîcheur c’est dire, ainsi qu’une certaine profondeur, une certaine « épaisseur ».

Toujours du sud de la France, ce formidable bassin à vin rosé, j’ai bien aimé le Pive Gris 2015, qui est bio par surcroît. La couleur, pelure d’oignon, est proche de celle de bien des rosés de Provence. Au nez, ça sent la banane et la fraise, tandis qu’en bouche, l’ensemble est relativement corsé. Très ok !

À boire, aubergiste !

Il y en a, cela dit, pour qui le rosé n’est pas vraiment un vin. Pour qui c’est un entre-deux-chaises, une sorte d’hybride, ni tout à fait blanc ni tout à fait rouge.

Vrai : de grands vins qui soient aussi rosés, inutile de tergiverser, ça n’existe pratiquement pas. De leurs raisins rouges, ceux avec lesquels ils font le rosé, les vignerons gardent généralement les meilleurs fruits pour… leurs vins rouges.

Cela n’enlève rien au mérite de la catégorie. Comme je le disais, à table, le rosé est le vin polyvalent par excellence. Et s’il n’est pas trop appuyé, pas trop maquillé, s’il vient par exemple du sud de la France, il peut aussi faire un très bon apéro, après les bulles et en route vers le blanc corsé puis le rouge.

Tout ça pour suggérer maintenant quelques vins de ces deux dernières catégories que j’ai bien aimés, récemment.

Faux : mon premier vin est blanc, oui, mais pas corsé, même léger. Qu’importe, ce Charles Smith Riesling Kung Fu Girl 2014, de l’État de Washington, n’a pas qu’un nom bizarroïde, il est aussi très bon, frais, et avec un soupçon de gaz carbonique qui avive les saveurs.

Puis d’Italie même si on pouvait presque dire d’Autriche, vu qu’on est tout à fait au nord-est de la botte, le Alois Lageder Pinot Grigio Porer 2014 et le Alois Lageder Gewurztraminer 2014.

Kung Fu Girl Riesling 2014Alois Lageder Porer Pinot Grigio 2014 Alois Lageder Gewurztraminer 2014 Paul Jaboulet Les Traverses 2014 Meia Encosta Reserva 2011

Deux costauds, relativement corsés c’est dire, mais dotés d’une pureté de fruit et d’une élégance de haute volée. À plus ou moins 25 $ chacun, une superbe occasion de découvrir qu’il y a autre chose notamment que la Toscane et la Sicile, dans ce pays.

Finalement, du côté des rouges, à prix doux (16,55 $), le Les Traverses Ventoux Paul Jaboulet Aîné 2014 est souple et fruité tout en ayant de la profondeur – en se révélant un peu plus à chaque gorgée, c’est dire. Exemplaire !

Dernier et bel et bien le moindre (parmi mes bons choix d’aujourd’hui, s’entend), le rouge portugais Daõ Meia Encosta Reserva 2011. Celui-ci a par contre l’avantage d’être bon marché (15 $) en plus d’être robuste et corsé, d’une agréable rusticité. À table, il accommoderait très bien une casserole de porc à la portugaise, voire un couscous royal pas trop relevé.

Bon app’ !

 

Marc

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