Les bons choix de Marc – Mars 2016
Quiz, tu dis ?
par Marc Chapleau
Les quiz ont la cote. Les jeunes se ramassent nombreux dans des bars pour jouer, finalement, à une sorte de bingo interactif. Ils n’ont cependant pas le droit de googler, pas de cellulaire qui tienne, seuls les bons vieux neurones ont droit de cité.
Je vous propose donc cette semaine un petit jeu-questionnaire. L’idée ? Relaxer un peu, et du même souffle, sans quasi s’en rendre compte, apprendre tout un tas de choses sur le vin.
Non mais, elle est pas belle, la vie
TROUVEZ L’INTRUS
Clinton, Trump, Sanders, Obama, Bush…
L’intrus, ici, n’a jamais été à la tête des États-Unis d’Amérique. En fait si, mais c’était l’autre conjoint… Vous brûlez ? C’est bel et bien Clinton qui détonne dans le cas présent, puisque c’est aussi le nom d’un cépage hybride américain jadis importé pour régénérer le vignoble français après le phylloxéra. On en trouverait cela dit encore ici et là, dans la Loire et en Ardèche, notamment.
Chêne, châtaignier, sureau, frêne, acacia, cerisier…
Pas évident non plus… Les tonneliers peuvent en principe faire flèche de tout bois, mais certainement pas d’un arbrisseau comme le… sureau. [Pour mémoire, l’acacia ferait un retour, surtout pour les vins blancs, dont il préserverait mieux le fruit. Aussi, ce lien, à propos d’une expérience intéressante.]
Arôme, odeur, senteur, bouquet, effluve, relent, parfum…
Et le perdant est… relent, qui ne s’emploie qu’en mauvaise part, pour désigner une odeur peu attrayante et par ailleurs plutôt insistante.
VRAI OU FAUX ?
À très grande cuisine, très grands vins…
À une très grande cuisine, complexe et recherchée, on apparie de très bonnes bouteilles mais pas de très grands vins, au risque de voir ces derniers supplantés par les goûts trouvés dans l’assiette. À l’inverse, avec de très grands vins, on se rabattra sur une cuisine exquise et savoureuse, certes, mais aussi relativement simple, sans esbroufe. Autrement dit, une seule grande vedette à la fois sur l’affiche principale, sinon c’est la foire d’empoigne. Alors la réponse à l’énoncé est : faux.
À une autre époque, plus libérale, disons, il est arrivé, ici même au Québec, qu’un chroniqueur s’enthousiasme devant un vin rosé au point de comparer sa couleur à celle d’une « cuisse de nymphe émue » …
C’est tout à fait vrai, disons-le tout de go, et précisons que le type en question avait logiquement raison d’employer l’expression, qui figure dans les dictionnaires et qui désigne un « rose incarnadin », c’est-à-dire de la couleur de la chair. Quand on dit que le langage du vin fonctionne à coups d’analogies…
Le fruité, c’est surtout l’apanage des vins jeunes ; pas vraiment de trace de fruité dans les vieux vins, mais en lieu et place, en revanche, plein d’autres merveilleuses odeurs…
Les odeurs fruitées s’atténuent avec le vieillissement du vin, elles font souvent place à des senteurs terreuses et animales, par exemple, mais jamais ne disparaissent-elles complètement si le vin est encore en vie. J’ai ainsi souvenir d’un Montrachet 1889 bu à genoux chez Jadot, en Bourgogne, au milieu des années 1990 : dans ce très grand vin blanc, on percevait toujours en arrière-plan, 107 ans plus tard, au fond d’un interminable couloir aromatique, des notes de pêche très mûre et de citron. Le fruité, en ce sens, c’est l’esprit du vin. Si celui-ci en est totalement dépourvu, il n’y a pas à chipoter : même s’il est relativement jeune, le vin est fini, éteint, usé.
VOS RÉSULTATS
Six bonnes réponses : Bravo, je vous lève mon chapeau. Si vous ne détenez pas déjà de diplôme de sommellerie ou du WSET (Wine & Spirit Education Trust), inutile de partir en quête de l’un ou de l’autre, il nous faut plus d’autodidactes comme vous !
Quatre ou cinq bonnes réponses : Il s’en est fallu de peu pour que je vous considère mon égal… Cela dit, félicitations quand même, les réponses, j’avoue, ne coulaient pas toujours de source.
Entre une et trois bonnes réponses : Quand même ! À moins d’être quelqu’un de connu, un ou une sommelière de renom par exemple, il n’y a pas à être gêné, on a tous nos mauvais jours…
Aucune bonne réponse : Hmm… Premièrement, est-ce qu’on se connaît ? Non, sans blague, le monde du vin est aussi très compliqué, bourré de pièges, de nuances, de mythes et de demi-vérités. L’important, c’est qu’à partir de maintenant, vous en connaissez au moins un certain rayon, sur le vin et ses à-côtés.
Allez, tape-m’en cinq !
~
À boire, aubergiste !
Les suggestions de la semaine, maintenant. Qu’on peut acheter sans craindre de se tromper, impossible cette fois d’avoir tout faux !
Guigal Côtes-du-Rhône blanc 2014 : Un blanc riche et savoureux, parfumé également, rendu aromatique par la présence de 65 pour cent de viognier dans l’assemblage. À réserver pour la table, avec le poulet grillé ou les plats de type asiatique, par exemple sucrés-salés. [21,80 $]
Complices de Loire Pointe d’Agrumes Sauvignon Blanc 2014 : Vif, goûteux, pratiquement sec (2,4 g de sucre), typé sauvignon (le buis) sans exagération. Un très bon blanc pour l’apéro. [18,50 $]
Vignoble du Loup Blanc La Mère Grand Minervois 2012 : Très bon rouge bio du Languedoc issu d’un assemblage de grenache et de carignan, minéral et tendu, qu’on gagnera à faire respirer au préalable. Un vrai vin de terroir ! [24,40 $]
Charles Smith Wines of Substance Cabernet Sauvignon Washington 2013 : Très bon cabernet-sauvignon de l’État de Washington, corsé et boisé mais avec une bonne masse de fruit et, surtout, pas de sucre résiduel apparent. [29,50 $]
Coto de Imaz Rioja Reserva 2010 : Rioja de bonne facture, à l’empreinte boisée marquée et à la finale légèrement asséchante. L’acidité est bien présente également, qui confère un bon tonus à l’ensemble. [23,90 $]
Jean Foillard Morgon Cuvée Corcelette 2013 : Légèrement réduit au nez, mais en arrière-plan, un beau fruité (la framboise), très pur, sur fond d’acidité volatile. La bouche suit, peu corsée mais croquante et bourrée de fraîcheur. Seul bémol : un goût de cidre marqué et plutôt envahissant en finale. [35,50 $]
Château Pech-Redon L’Épervier 2012 : Savoureux, riche et corsé, légèrement tannique aussi, avec une bonne profondeur et un goût de garrigue (le thym et la sarriette chauffés par le soleil). Finale réglissée. Le beau Languedoc ! [23,80 $]
Alois Lageder Cabernet Riserva 2011 : Très bon rouge du nord-est de l’Italie et un assemblage des deux cabernets (franc et sauvignon) qui rappelle certains vins de la Loire, le saumur-champigny notamment. Saveurs mi-corsées, des notes fumées, persistance notable, belle fraîcheur de l’ensemble. [24,35 $]
Marc
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