Les bons achats de Marc – septembre
Moi Tarzan, toi Jane ?
par Marc Chapleau
L’être humain aime les classements. On a ça dans le sang, on dirait. L’esprit de compétition, la loi de la jungle, moi Tarzan, toi, vraiment pas une aubaine…
Au jeu de la comparaison, cependant, parfois les âmes s’échauffent. Je pense par exemple à une récente chronique parue dans la Presse, où on s’inquiétait du fait que les jurés du Festival des films du monde allaient devoir se farcir six films par jour. Soit une douzaine d’heures de visionnement attentif – sous-entendu : ils vont être fatigués, possibles erreurs de jugement, quelques errements, inévitables injustices, et ainsi de suite.
Pareil pour nous, dans le vin. On trime dur aussi, dans nos compétitions.
Or qu’arrive-t-il, typiquement, dans ces championnats et autres Grands Prix ? On goûte une cinquantaine de vins par jour, des fois plus. Bien sûr que les papilles fatiguent, et bien sûr aussi qu’on recrache. Or, même en prenant cette précaution, surtout en présence de rouges tanniques, le palais en arrache…
Possible dès lors qu’on soit plus sévère que de raison avec tel ou tel vin. Mais une chose est certaine : ceux qui se distinguent et qui obtiennent de bonnes notes sont pour ainsi dire réellement bons – d’autant qu’ils ont été aimés par des dégustateurs potentiellement surmenés.
LE NOEUD DE L’AFFAIRE
N’empêche : de tels exercices ne couronnent tout de même que des vins qui ont bien paru au moment précis où ils ont été évalués. Plein de variables et de facteurs peuvent jouer en leur faveur ou défaveur – jusqu’aux mouvements de la lune et à la pression atmosphérique, ne l’oublions pas, qui auraient leur mot à dire dans la façon dont les vins se présentent.
Sauf que c’est TOUJOURS le cas.
Un vin n’est jamais dégusté deux fois exactement dans les mêmes conditions. Le contexte change tout le temps, même d’une gorgée à l’autre la donne change ! La température du vin monte un peu, on a soudain un élancement dans le bas du dos, un voisin de table nous distrait.
Cela étant posé, admis et digéré, les concours ont au moins ça de bon qu’ils dressent un état des lieux, ils permettent une sorte d’arrêt sur image, pour reprendre l’analogie avec le cinéma.
Provisoire, certes, j’en conviens. Virtuellement appelé à changer peut-être même à très court terme, c’est vrai.
Sauf que c’est la même chose avec les Jeux olympiques. Ou les concours de sommellerie.
PROFITER DU MOMENT
Suffit que tu sois dans un pas très bon jour, que t’aies mal dormi ou que tu couves un rhume pour finir sinon dernier, du moins pas exactement premier. Et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, on annonce les résultats et on les respecte.
Maintenant, à nous, consommateurs, de prêter foi ou non à la proposition. Mais personnellement, et je reviens ici aux palmarès et classements établis avec les vins, je serais porter à considérer cela comme une occasion d’avoir une info supplémentaire pour guider mes achats.
Or juste pour ça, amenez-en, des concours. De toute manière, cela ne nous empêchera pas d’exercer notre libre arbitre et d’acheter ce que l’on veut, au bout du compte.
À boire, aubergiste !
Ci-dessous, ma sélection de bons vins en prévision notamment de la longue fin de semaine. Choisis après m’être réuni avec moi-même en petit comité pour déguster diverses cuvées et ainsi établir mon palmarès maison…
Domaine Olivier Pithon Mon P’tit Pithon 2014 – Rouge du Languedoc frais et nerveux, un bon vin de soif, pas trop corsé, sans lourdeur.
Domaine L’Ostal Cazes Grand Vin 2011 – Saveurs pleines et puissantes pour ce rouge du Languedoc par ailleurs profond et prometteur. À moins de 30 $, un bon achat.
Château Gautoul Cuvée d’Exception 2004 – Très bon cahors, corsé et concentré, avec une bonne assise tannique ainsi qu’une acidité marquée, qui lui donne du tonus. N.B. Il a plus de 10 ans dans le corps, le bougre !
Château Hanteillan Cru Bourgeois 2009 – en vente à compter du jeudi 10 septembre. Beau cru bourgeois, généreux mais avec de la fraîcheur et donc une bonne acidité, qui le tonifie. Texture par ailleurs serrée.
Château Croix du Rival 2010 – en vente à compter du jeudi 10 septembre. Un lussac-saint-émilion coloré, foncé même, avec des signes d’évolution au nez. La bouche suit, généreuse, bien enveloppée.
Domaine de Beaurenard Les Argiles Bleues 2012 – en vente à compter du jeudi 10 septembre. Beau nez typique des rouges du sud du Rhône, puissant et savoureux, très bien soutenu par l’acidité. Finale étonnamment persistante. Excellent !
Sancerre Domaine du Nozay 2014 – Vif, piquant quasi, sauvignonné également, ça sent le buis mais pas exagérément. Ensemble clair, net et précis.
Domaine de Souviou Bandol 2011 – Rouge de Provence (aop bandol) surtout sur le fruit (la framboise noire) bien qu’à l’aération des notes animales, de cuir notamment, ressortent. Les saveurs sont corsées et légèrement capiteuses. Pour l’heure plutôt monolithique, mais prometteur. Suffit de le faire respirer amplement au préalable.
Petit Fumé Michel Redde 2014 – Un blanc de la Loire qu’il faut aérer pour que les notes soufrées se dissipent. En fait, il a fallu deux jours pour que le vin, entamé d’à peine un verre et simplement rebouché puis mis au frigo, paraisse sous un meilleur jour. Du nerf, de la générosité, précision dans les saveurs. Santé !
Bonne dégustation !
Marc
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