Les choix de Nadia – Août 2015
Un mal pour un bien
par Nadia Fournier
Devise des éternels optimistes, formule préférée de certains chroniqueurs sportifs, l’expression « un mal pour un bien » s’applique aussi à la chose vineuse. Le concept de « mauvais millésime », par exemple. Jadis utile pour se prémunir de quelque bouteille exécrable, cette notion s’avère de moins en moins pertinente avec les écarts qui se resserrent entre les années. Et si, au fond, un mauvais millésime n’était pas forcément synonyme de mauvais vin…
Chaque année, dans les régions tempérées plus particulièrement, la vigne est soumise aux aléas de la météo. Depuis le printemps jusqu’à la récolte, à l’automne, une foule d’intempéries peuvent survenir et compromettre la qualité du vin qui aboutira dans votre verre. Selon les années, on appréhendera de la verdeur et une certaine dilution ou, à l’inverse, des saveurs excessivement mûres et de la lourdeur. Les premiers étant nettement plus souvent décriés par la critique que les seconds.
La verdeur, j’en conviens, est rarement attrayante. (Bien que je m’étonne de l’apprécier de plus en plus dans certains cabernets, mais nous y reviendrons une prochaine fois.) Par contre, une légère dilution peut s’avérer être une véritable bénédiction pour certains vins. Prenons l’exemple des millésimes 2009, 2010 et 2011 à Napa, en Californie. Trois tristes années pour les palais en quête de puissance et de sucrosité, mais ô combien agréables pour les amateurs de vins frais et digestes, dont je suis.
L’exemple californien m’est revenu en mémoire la semaine, alors que je dégustais une série de Douro du millésime 2013, que plusieurs observateurs ont décrit comme une année « atypique ». En gros, beaucoup de pluie jusqu’en mars – ce qui a permis de renflouer les réserves en eau, amoindries par deux années de sécheresse –, une floraison tardive, un temps sec et très chaud en juillet et en août et des épisodes de pluie au moment des vendanges.
Et dans le verre ?
Du plaisir! Des vins souvent moins concentrés, qui atteindront certainement leur apogée avant les 2011 (excellente année), mais qui, pour le moment, font preuve d’une grande buvabilité. Une vertu d’autant plus appréciable que, depuis quelques années, plusieurs producteurs du Douro adoptent une approche très moderniste qui donne à leurs vins des allures de… cabernets de Napa.
Tous vendus sous la barre des 20 $, voici quelques très bons vins du Douro qui feront votre bonheur quotidien.
DOW, Vale do Bomfim 2013, Douro : produit par la famille Symington (Graham’s, Cockburn’s, Vesuvio, Altano, etc.) un bon vin rouge de table, plus leste et coulant que le 2012 dégusté plus tôt cette année. (15,95 $)
BARCO NEGRO, Douro 2013 : particulièrement délicieux cette année, le vin de François Lurton est tout en fruit, juteux, un peu nerveux et suffisamment charnu. Belle surprise!
ALVES DE SOUSA, Caldas 2013, Douro : un vin substantiel comme on en trouve peu à moins de 15 $. Même en 2013, on a réussi à obtenir une certaine concentration, tout en préservant le caractère digeste d’un bon vin de table. (14,90 $)
NIEPOORT, Dialogo 2013, Douro : les vins de Dirk Niepoort se distinguent des autres vins du Douro par leur caractère digeste, qui les rend si agréables à table. C’est particulièrement vrai en 2013 et pour cette cuvée dont l’étiquette est décorée d’une bande dessinée amusante, qui invite au dialogue. (16,20 $)
QUINTA DE LA ROSA, Dourosa 2013, Douro : l’intensité de ce vin donne presque l’impression que le vignoble de la famille Bergqvist n’a pas été touché par la pluie en 2013. 14 % d’alcool, du fruit et une concentration digne de mention. (18,25 $)
RAMOS PINTO, Duas Quintas 2013, Douro : je crois n’avoir jamais été déçue par les vins de ce domaine appartenant à la maison champenoise Roederer. 2013 n’y fait pas exception. Très complet pour le prix. (18,35 $)
ALVES DE SOUSA, Caldas Reserva 2011, Douro :
Un peu plus ouvert que lorsque goûté l’an dernier à pareille date, ce vin composé exclusivement de touriga nacional s’impose d’emblée par l’intensité de ses parfums de fleurs, de fruits confits et de réglisse. (21,85 $)
QUINTA DA ROMANEIRA, Sino da Romaneira 2010, Douro : ce 2010 affiche encore le caractère nerveux d’un vin jeune. Rien de tonitruant, mais toute la fraîcheur voulue. 12,5 % d’alcool, des saveurs fruitées pures et une vitalité qui donne soif. Impeccable pour le prix! (20 $)
CASA FERREIRINHA, Vinha Grande 2011, Douro : pour le meilleur ou pour le pire, le Douro se modernise, mais cette illustre maison, propriété du groupe portugais Sogrape, demeure fidèle au style classique qui a fait sa renommée. Toujours le même bon vin suave et généreux, gorgé de fruits, mais très digeste et adapté aux plaisirs de la table. (19,25 $)
QUINTA DO VALE DA PERDIZ, Cistus Reserva 2009, Douro
Déjà commenté l’année dernière, ce 2009 est maintenant ouvert et prêt à boire. Une autre preuve que le Portugal est une source quasi intarissable pour les amateurs à la recherche d’aubaines. À boire au cours des deux prochaines années. (19 $)
Santé!
Nadia Fournier
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