Courrier vinicole – Grandes richesses d’Italie
Soif d’ailleurs avec Nadia
par Nadia Fournier
Ce vendredi 7 novembre, la SAQ mettra en vente par le truchement de son Courrier vinicole une vaste sélection de vins italiens de renom, provenant de la plupart des régions du pays — avec une préférence marquée, comme toujours, pour le Piémont et la Toscane. Parmi les belles bouteilles proposées, voici quelques vins dégustés au cours des dernières semaines. La liste est concise, car je n’ai pu goûter à tous les vins du catalogue. Ainsi, j’ai pris la liberté d’ajouter une liste de valeurs sûres, offertes à des prix (relativement) abordables.
À Barolo, plus que nulle part ailleurs en Italie ou dans le monde, les producteurs sont divisés en deux camps : les traditionalistes et les modernistes. Les premiers privilégient de longues macérations dans des foudres, les seconds de courtes macérations, souvent en barrique. Pour flirter avec le style traditionnel, rien de mieux que le Barolo Monprivato 2009 élaboré par Mauro Mascarello. Éminemment racé, digeste et drôlement accessible pour un barolo si jeune.
La famille Scavino appartient certainement aux camps des modernistes, et elle le revendique avec brio. Son Barolo 2008, Riserva Rocche dell’Annunziata est musclé, mais sa puissance s’accompagne de saveurs intenses et persistantes. À apprécier tout au long de la prochaine décennie.
Asili est l’un des plus grands terroirs de Barbaresco et certainement le triomphe de Ceretto. Je tombe rarement dans les superlatifs, mais j’oserais dire que le Barbaresco 2009 Bricco Asili est plus grand que nature ! Un pur bijou d’élégance; très séduisant, éthéré et d’une classe inimitable.
Figure légendaire de la Vénétie, le vigneron-artiste Giuseppe « Bepi » Quintarelli s’est éteint en 2012. Sa fille et ses petits-enfants ont pris la relève et n’ont rien changé à la façon de faire ultra-traditionaliste qui a contribué à la réputation de la maison. Sans surprise, l’Amarone della Valpolicella 2004 est sublime ! Une seule gorgée suffit pour comprendre pourquoi une légion de fidèles accepte de payer des sommes folles pour les vins confectionnés par ce grand maître.
Fondé en 1984, Tua Rita fut le premier domaine à s’établir dans le secteur de Suvereto, dans la province de Livourne. Il s’est fait connaître sur les marchés internationaux notamment grâce au Redigaffi, une cuvée issue exclusivement de merlot et vendue à un prix astronomique. Le 2010 se situe dans une classe à part, ample, élégant et doté d’une profondeur certaine.
De la même trempe, mais composé de syrah, le Per sempre 2011 (« Pour Toujours ») est une autre belle réussite que les amateurs de ce cépage rhodanien – au portefeuille très bien garni – voudront découvrir.
L’œnologue Luca D’Attoma est un adepte de la biodynamie. Sur son domaine Duemani, à Riparbella, une vingtaine de kilomètres au nord de Bolgheri, il produit le Altrovino, un vin particulièrement complet, issu de cabernet franc et de merlot. Saveurs pénétrantes, texture velours et excellent potentiel de garde.
Du même producteur, le très bon Suisassi 2010 est composé à 100 % de syrah, cépage que l’on devine au nez, avec ses tonalités animales qui rappellent la viande fumée. Servi frais autour de 17°C, le vin était particulièrement engageant et faisait preuve d’une fermeté caractéristique du cépage. À revoir dans cinq ans.
Plus au sud, les frères Riccardo et Renzo Cotarellla ont développé la marque Falesco, sous laquelle ils commercialisent des vins d’Ombrie et du Latium. Dans cette dernière région, ils élaborent le Montiano 2008, un merlot très séduisant, qui a de quoi rivaliser avec bien des cuvées plus coûteuses produites en Toscane. Pas spécialement profond, mais flatteur et finement boisé.
Sans les avoir tous goûtés récemment, je vous suggère de porter une attention particulière aux vins suivants comme autant de valeurs sûres :
BLANCS
Gini, Contrada Salvarenza 2010 38 $
Jermann, Vintage Tunina 2011 74 $
Masciarelli, Marina Cvetic 2010 45 $
Benanti, Pietra Marina 2009 52 $
ROUGES
Aldo Conterno, Langhe 2010 37 $
Fèlsina Rancia 2010 49 $
Fontodi, Vigna del Sorbo 2010 65 $
Montevertine, Le Pergole Torte 2010 138 $
Masciarelli, Villa Gemma 2006 69 $
Occhipinti, Siccagno 2011 45 $
Occhipinti, Grotte Alte 2008 69 $
Feudo di Mezzo Il Quadro delle Rose 2011 54 $
~
Quelques vins de Toscane
Même si ces vins sont moins étoffés et moins intenses que les « grands vins », leur qualité est loin d’être négligeable. Et surtout, ce n’est pas parce qu’ils coûtent deux – sinon cinq ou dix – fois moins cher, qu’ils sont deux fois moins bons.
Personne ne nous oblige à dépenser une fortune pour les gros canons vendus ponctuellement. Les Solaia, Ornellaia, Redigaffi sont très bien, mais on peut aussi acheter les Vistorta, San Felice, Vigna del Sorbo et combien d’autres beaucoup moins coûteux.
Grâce aux efforts conjugués des œnologues Enzo Morganti et Leonardo Bellacini, San Felice, une vaste propriété située au sud-est de l’appellation Chianti Classico, a grandement contribué à la réhabilitation de variétés autochtones de Toscane. Chaque année, le Il Grigio est à retenir parmi les meilleurs chianti classico de facture classique; sans artifices, mais non moins savoureux.
Créé en 1804 au coeur de la Toscane, Capezzana est l’un des plus vieux vignobles d’Italie. Malgré son âge vénérable, la propriété des Bonacossi conserve tout son dynamisme et demeure une force motrice de Carmignano, situé à l’est de Florence, à l’écart de la zone de Chianti Classico. Chaque année, le Ghiaie della Furba étonne par sa fibre très toscane, malgré qu’il soit issu de cabernet, de merlot et de syrah. Chaleureux, sans jamais sacrifier l’élégance.
La dénomination Gran Selezione n’a été approuvée qu’en 2014, mais les vins de millésimes antérieurs qui respectaient les critères de cette nouvelle appellation de chianti classico peuvent aussi être commercialisés comme tels. Loin de miser sur la puissance brute, le Cellole de San Fabiano Calcinaia brille par son large spectre aromatique; intense et complexe. Un excellent vin de garde.
Depuis plus d’un quart de siècle, dans les hauteurs de Gaiole in Chianti, Marco Pallanti veille sur Castello di Ama, domaine appartenant à la famille de son épouse, Lorenza. Du plus modeste au plus grand, tous ont en commun un équilibre et un raffinement exemplaires. Lorsque goûté en août dernier, le Chianti Classico Riserva 2009 était dans une forme exceptionnelle. À apprécier tout au long de la décennie.
Et du Piémont
À leur meilleur, les nebbiolos d’Alba peuvent constituer d’excellentes solutions de rechange – parfois économiques – aux vins de Barolo et Barbaresco. Le Nebbiolo 2012 dai Vigneti di Proprietà du domaine Mascarello (Giuseppe e Figlio) n’a pas d’égal. Substantiellement plus cher que la plupart des nebbiolos, mais sa qualité égale celle de bien des vins de Barolo et Barbaresco.
Plus chaleureux que le 2010 commenté l’année dernière et faisant bien sentir ses 14 % d’alcool, le Nebbiolo 2011 de Pio Cesare n’était pas très volubile lorsque goûté en septembre dernier. Néanmoins recommandable pour son équilibre et ses saveurs franches.
Sans surprise, le Nebbiolo 2012 des Produttori del Barbaresco propose une interprétation juteuse et friande du cépage nebbiolo, davantage reconnu pour la charpente et l’ossature tannique qu’il confère aux Barolo et Barbaresco. Authentique et vibrant. Bravo !
Scudetto 2010, c’est la barbera en mode majeur, interprétée avec brio par Mauro Mascarello. L’attaque en bouche est très mûre, laissant presque une sensation de sucrosité, mais le tout forme un ensemble parfaitement harmonieux, racé et haut en couleur.
Fidèle au style classique du domaine de la famille Bava, tout en subtilité et en finesse, le Stradivario 2001 est encore incroyablement jeune pour un vin âgé de près de 12 ans. Pas donné, mais il y a un prix à payer pour avoir dans son verre un vin à parfaite maturité.
Les vins de Poderi Colla, vénérable maison piémontaise, ne donnent jamais dans la facilité racoleuse. Loin de miser sur le seul potentiel fruité du cépage, le Dolcetto 2012 Pian Balbo fait preuve d’une certaine sève et de beaucoup d’authenticité.
À votre santé! Salute!
Nadia Fournier
Note de la rédaction: vous pouvez lire les commentaires de dégustation complets en cliquant sur les noms de vins, les photos de bouteilles ou les liens mis en surbrillance. Les abonnés payants à Chacun son vin ont accès à toutes les critiques dès leur mise en ligne. Les utilisateurs inscrits doivent attendre 60 jours après leur parution pour les lire. L’adhésion a ses privilèges ; parmi ceux-ci, un accès direct à de bons vins !
Publicité