Les bons choix de Nadia
Cellier septembre 2014 (1ere vague)
par Nadia Fournier
Depuis une dizaine d’années, plusieurs consommateurs, particulièrement ceux de la nouvelle génération, ont tourné le dos à Bordeaux. Moi-même, peut-être en réaction à la flambée des prix des années 2000 ou par désir d’explorer d’autres régions de monde, j’avoue avoir un peu boudé les vins de la Gironde – en tant que consommatrice, s’entend.
Mais depuis un an ou deux, sans trop savoir pourquoi, je me surprends à regarnir ma cave en crus bordelais ou à en commander au verre, dans les rares établissements montréalais qui osent en proposer.
J’ai toujours un intérêt très très modéré pour les bordeaux modernes, produits dans le but à peine dissimulé de plaire aux critiques américains. Mais lorsqu’il est élaboré sans trop d’artifices et fidèle à ses origines, qu’est-ce que je me régale ! Car avec leur caractère un peu austère et empreint de fraîcheur, les clarets et autres vins rouges du Médoc, des Graves, de Fronsac, de Pomerol et même d’appellations secondaires semblent conçus pour la table.
Ça tombe bien puisque dans la nouvelle édition du magazine Cellier (dont les vins sont commercialisés en deux vagues, soit ce matin et le 18 septembre prochain), la SAQ ramène Bordeaux au premier plan et rappelle qu’en dehors du cercle fermé des crus classés, il existe encore une foule de bons vins vendus à des prix terrestres.
Dans le lot, on voudra surtout retenir les vins rouges des châteaux de Villegeorge, Tour Haut Caussan, Mayne Guyon et Larrivaux, ainsi que l’excellent vin blanc du Château Graville-Lacoste.
BORDEAUX
Propriété de Marie-Laure Lurton, le Château de Villegeorge 2010 (24,75 $) provient d’une parcelle située près de l’appellation Margaux. Plus élégant que charpenté. Un excellent vin en devenir, à prix pleinement mérité.
Deuxième succès consécutif pour le Château Tour Haut Caussan 2010 (26,50 $), un cru bourgeois situé sur la commune de Blaignan, à une douzaine de kilomètres de St-Estèphe. Aussi étoffé et plein en bouche que le 2009 commenté plus tôt cette année, avec un supplément de fraîcheur.
À prix d’aubaine, l’amateur de bordeaux de facture classique se régalera avec le Château Mayne Guyon 2011 (17,95 $). S’il y avait plus de Bordeaux comme celui-ci, l’économie viticole de la Gironde se porterait sans doute bien mieux.
Dans le même esprit, mais un peu plus cher, le Château Larrivaux 2010 (25,45 $) se signale par ses goûts caractéristiques de fruit noir et de boîte à cigares. Rappelons que ce vignoble appartient à la même famille et est transmis de femme en femme depuis plus de trois siècles. Un fait plutôt rare dans la France viticole…
Plus ambitieux, sans être vraiment complexe, avec un nez de fruit confit et un boisé bien appuyé, L’esprit de Chevalier 2010 (42,50 $) est l’occasion pour les fans de cette maison prestigieuse de flirter avec « l’esprit » du domaine, à moindre coût.
Le Château Belgrave (48,50 $) a connu une importante revitalisation depuis son rachat par les Vins & Vignobles Dourthe (Le Boscq, Pey La Tour, Reysson). On y produit maintenant un vin sphérique et charmeur. Même si je ne suis pas vraiment friande du genre, je suis convaincue qu’il fera plusieurs adeptes.
Tout aussi flatteur et accessible dès maintenant, le Château Fleur du Casse 2010 (38,50 $) est assez représentatif de l’appellation Saint-Émilion par sa trame tannique veloutée et séduisante.
Propriété des enfants du regretté Bernard Moueix et de leur mère Catherine, descendants d’Antoine Moueix, la branche cousine des propriétaires de Pétrus, le Château Taillefer est la source d’un très bon Pomerol 2010 (34,75 $) élaboré sous les conseils du professeur Denis Dubourdieu.
Enfin, j’ai particulièrement aimé le savoureux Château Graville-Lacoste 2012 (21,35 $). Un vin blanc sec comme on en trouve encore trop peu dans les Graves : minéral, distingué et misant davantage sur la pureté du fruit que sur les parfums de la barrique. Très typé et vendu à prix juste. Personnellement, je ne demande pas mieux !
RHÔNE
Pour vous permettre de faire le plein de soleil avant l’automne, le Cellier propose aussi plusieurs belles cuvées du midi de la France. Dans le lot, une poignée de très bons vins du Languedoc-Roussillon (commercialisés le 18 septembre) et quelques belles découvertes de la vallée du Rhône, dont le Clos Bellane, Les Échalas 2010 (29,95 $), un somptueux vin blanc élaboré par Stéphane Vedeau, sur le plateau de Vinsobres. Le vignoble, acquis en 2010, est certifié en agriculture biologique à compter de cette année.
L’orientation et l’altitude du vignoble – juché à 400 mètres et tourné vers l’est – et la composition calcaire des sols expliquent peut-être la grande sensation de fraicheur qui émane de cette cuvée de marsanne et de roussanne. Parmi les bons vins blancs du sud de la France goûtés cette année.
En plus de produire des vins légendaires sur la colline d’Hermitage, Jean-Louis Chave a mis sur pied une petite affaire de négoce haut de gamme. Les raisins qui entrent dans l’élaboration de la cuvée Mon Cœur 2012, Côtes du Rhône (22,70 $) proviennent d’une poignée de vignerons situés sur les communes de Rasteau, Cairanne, Vinsobres et Visan.
Ferraton appartient à Chapoutier, mais est mené de façon autonome. Question de goût sans doute, mais je n’ai pas d’atomes crochus avec le Crozes-Hermitage Les Pichères 2011 (31,50 $). Costaud, mais surtout un peu pataud et rudimentaire.
Propriété de Jérôme Sarda-Malet (Roussillon) et de Frédéric Engerer, directeur technique au Château Latour à Pauillac, le Domaine de Fontbonau élabore un Côtes du Rhône générique hors norme, tant par sa puissance que par son prix (37 $). Majoritairement composé de grenache et complété de syrah, élevée dans les fûts de Latour. Peut-être taillé à gros traits pour le moment, mais une chose est certaine, il ne manque pas d’envergure.
Pour une fraction du prix, le Château de Nages Vieilles Vignes 2011 fera plaisir à votre portefeuille, peut-être déjà largement sollicité par la rentrée en classe. Beaucoup de vin dans le verre pour 20 $.
Santé et bonne rentrée !
Nadia
Note de la rédaction: vous pouvez lire les commentaires de dégustation complets en cliquant sur les noms de vins, les photos de bouteilles ou les liens mis en surbrillance. Les abonnés payants à Chacun son vin ont accès à toutes les critiques dès leur mise en ligne. Les utilisateurs inscrits doivent attendre 30 jours après leur parution pour les lire. L’adhésion a ses privilèges ; parmi ceux-ci, un accès direct à de grands vins!