Les bons choix de Marc – Juin
Vroum vroum !
par Marc Chapleau
Vroum (du verbe vrombir) v Onomatopée imitant le bruit d’un moteur qui accélère – dixit Le Petit Robert.
Le rapport avec le vin ? Eh bien, c’est le Grand Prix du Canada, qui commence aujourd’hui vendredi, qui m’a mis sur la piste. Pourtant, la Formule 1, les gros moteurs et les voitures en général ne me passionnent pas vraiment. Par contre, la jet-set sur quatre roues et moi partageons un même beau grand penchant… pour le champagne.
Je sais, je sais. Ces énergumènes s’appliquent à secouer la bouteille et à faire gicler son précieux contenu la minute qu’ils se retrouvent sur un podium. À l’égard d’un vin patiemment élaboré, qui repose jusqu’à plusieurs années en cave avant d’être commercialisé, c’est, à tout le moins, une forme de non-respect.
Mais le champagne, qui ne le sait pas, c’est pour beaucoup, et même essentiellement, du marketing. De l’image, de l’esbroufe, du clinquant.
Sauf que c’est aussi, en même temps, le roi des apéros !
PAR-DELÀ L’IMAGE
J’ai pourtant longtemps entretenu un rapport trouble avec lui. Mon côté gogauche, sûrement. Un vin de riche, tape-à-l’oeil. Jusqu’à ce que le déclic se fasse lors d’un voyage en Champagne et que je passe une semaine là-bas à en goûter pas loin de 200. Moi qui avais jusqu’alors cru qu’ils se ressemblaient tous…
Pour que le courant passe, que le déclic se produise, on doit arriver à faire fi de l’effervescence, afin de goûter et d’apprécier ce qu’il y a derrière. C’est contradictoire, je sais. La mousse, c’est le champagne.
Mais l’acidité aussi fait le champagne, même chose pour cette tension si caractéristique, ces arômes de levure, de pain grillé, de beurre frais, d’olive verte aussi, parfois. La qualité suprême, cela dit : le bon champagne laisse la bouche merveilleusement fraîche, on a tout de suite envie d’y replonger.
Je ne vais pas ici vous donner un cours complet sur le champagne, sur la région du même nom et plusieurs de ses négociants et vignerons. En revanche, passer du temps sur le site du Conseil interprofessionnel du vin de Champagne vous permettra d’accéder à une foule d’informations de toutes sortes, sur les fameux terroirs champenois et jusqu’aux chiffres-clés de la filière, en passant par les nombreuses possibilités offertes aux amateurs d’oenotourisme.
L’EMBARRAS DU CHOIX
On retrouve à la SAQ plus de 200 champagnes, dont une vingtaine sont maintenant sous la barre des 50 $, en raison d’une récente baisse décrétée par la Société d’État.
Parmi les bonnes bouteilles dégustées récemment, l’Ayala Brut Majeur, vif et juste assez toasté, à 48 $. Autre bon choix pratiquement au même prix (48,75 $), le Lallier Grande Réserve Brut, au caractère légèrement brioché et relativement nerveux.
Presque le double du prix, à 84,50 $, le Egly-Ouriet Tradition Grand Cru Brut, est vineux (généreux) et élégant – il nous emmène tranquillement dans la cour des grands.
Plus cher encore, à 116 $, l’Ayala Perle Nature Brut 2002 est un vrai bijou ! La mention « Nature » en Champagne signifie que le vin contient de 0 à 3 g de résiduel ; ici, il y a eu zéro dosage, aucun ajout de sucre, et l’assemblage est à 80 % à base de chardonnay.
Seul hic, il n’en reste que quelques bouteilles à la SAQ Signature de Montréal. Si vous le pouvez, et quitte à vous mettre à deux ou à trois pour l’acheter, foncez !
C’est le Grand Prix, après tout.
DES SOLUTIONS DE RECHANGE
Pas question de vous laisser avec une suggestion à 116 dollars – ce qui ne serait vraiment pas au goût de tout le monde.
Il existe, bien sûr, des solutions de rechange au champagne. Des mousseux élaborés parfois quasi avec les mêmes soins, mais ailleurs dans le monde, dans des terroirs pas toujours aussi prestigieux. La qualité est rarement aussi élevée, mais on peut tout de même trouver de très bonnes affaires.
Parmi les bons mousseux du moment, de Californie et à environ 30 $, le Domaine Chandon Réserve Brut en surprendrait plus d’un, à l’aveugle. Délicatement brioché, plutôt sec, sa fraîcheur est étonnante.
Autre choix recommandable, d’Italie cette fois, le Montenisa Brut Franciocorta Antinori, assez fin et à l’effervescence bien contenue.
Les amateurs de mousseux rosé auraient de leur côté tout intérêt à se procurer le Domaine Chandon Rosé, un peu dosé et donc un peu sucré, certes, mais l’équilibre est maintenu, l’acidité est là et joue bien son rôle.
LE BON USAGE DU CHAMPAGNE ET DU VIN MOUSSEUX
La température de service : froid mais pas glacé – environ 2 h au frigo.
Déboucher la bouteille : Avec précaution ! Une main qui retient fermement le bouchon ET le muselet qu’on aura desserré sans le retirer, et l’autre main qui tourne lentement la bouteille tenue par la base. L’objectif : faire entendre à l’ouverture un discret pssschhh plutôt qu’un gros pow…
On fait barboter dans la bouche, pour aviver les arômes comme avec les autres vins ? Oui et non, certains le font en Champagne, d’autres pas. Dans tous les cas de figure, y aller mollo, prendre garde à la mousse qui peut donner l’impression de vouloir sortir par le nez…
Dans quel type de verre ? Même si tout le monde, y compris là-bas, dit « coupe de champagne », préférez la flûte, le verre tulipe voire un bon verre à vin blanc ordinaire. Les bulles transporteraient aussi les arômes, d’où l’intérêt de favoriser leur montée.
Vroum vroum !
Marc
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