Les bons choix de Marc
Comment résoudre le casse-tête de Pâques
de Marc Chapleau
Le problème avec Pâques, ce n’est ni le jambon, ni l’agneau et ni le chocolat traditionnels que l’on s’escrime à marier à tel ou tel vin. Non, la vraie difficulté, le vrai casse-tête, c’est qu’il n’y a justement plus de coutume qui tienne. De nos jours, on doit en effet s’attendre cette fin de semaine là à manger à peu près n’importe quoi, et souvent un peu de tout, au cours du même repas.
Moralité : il nous faut un ou des vins passe-partout, à même d’accompagner sans trop de dommage une grande variété de plats.
Surtout qu’il arrive souvent que l’on ne sache même pas ce qu’on va manger précisément, étant donné qu’on est invité. Dans ces cas-là – et à moins d’être impoli comme moi et de texter la veille à ses hôtes pour s’enquérir du menu –, pas de risques à prendre. Et surtout pas de gros rouges tanniques, l’heure étant en règle générale à la légèreté, à la table même comme autour.
Fort bien, direz-vous, mais que fait-on si on mange de l’agneau ? Un rouge costaud s’impose alors pour soutenir la comparaison, non ?
Un rouge assez généreux, oui, mais pas nécessairement tannique ni relativement astringent.
Quoi qu’il en soit, voici, à divers prix, des pistes pour se tirer d’affaire en présence de différents plats, et j’oserai dire jusqu’au traditionnel jambon.
Commençons justement par ce cochon, tiens. Ma suggestion : oubliez le vin, pour une fois, et accompagnez-le d’un autre type de grand cru, la savoureuse bière belge Chimay Trappistes Grande Réserve vendue en bouteille de 750 ml au prix très raisonnable de 10,70 $. Pour une poignée de dollars, la chance de s’offrir l’une des plus grandes bières au monde !
Vous grimacez ? Trop triviale, une bière ?
Dans ce cas, pourquoi pas l’un de nos excellents cidres locaux, en train de gagner – ou de regagner – l’estime des Québécois.
Parmi les meilleurs disponibles sur le marché, le Crémant de pomme rosé du Minot, le Cidre mousseux « avec un soupçon de cidre de glace » Domaine Lafrance et le Cidre rosé mousseux Michel Jodoin.
Autrement, si vous n’aimez pas les bulles, le jambon avec os simplement bouilli et servi sans trop de façon s’accommodera, en blanc tranquille, d’un chardonnay comme le très bon Tabali Reserva Especial Chardonnay 2012, à 19 $ et provenant de la vallée de Limari, au Chili.
DES ROUGES PASSE-PARTOUT
Du côté des vins rouges qui pourraient aller avec la plupart des viandes et même l’agneau, de même qu’avec les quiches et autres préparations typiques des brunchs, ne faites ni une ni deux et optez pour du pinot noir. Mais pas de Bourgogne : plutôt du Nouveau Monde, pour avoir plus facilement et à bon compte un vin plus généreux et plus fruité, plus consensuel aussi, à même de plaire à une majorité.
Trois bons choix à la SAQ présentement. De Californie d’abord, le Schug Sonoma Coast Pinot Noir 2012, à 28,20 $. Puis, deux vins de Nouvelle-Zélande : à 35 $, le Margrain Home Block Pinot Noir 2010 et, un cran meilleur mais aussi un bon cran plus cher (48,75 $), le Dog Point Pinot Noir 2011. À servir rafraîchis, les trois, après un passage d’environ 45 minutes au frigo.
ET LE CHOCOLAT ?
Je n’allais pas l’oublier. Sauf que, ça me gêne un peu, nous sommes ici sur un site de vin et de boissons alcoolisées… mais voilà, il y a aussi qu’on y dit les vraies affaires, rien n’est arrangé avec le gars des vues.
Alors voici : le meilleur accord avec le chocolat, et de loin, c’est avec un bon café – et je ne blague pas. Maintenant, si vous y tenez, essayez le Recioto Valpolicella Tommasi 2010, à 26 $ la demi-bouteille. Moins sucré qu’un porto, et porté par une très belle acidité, cet excellent vin de dessert de la Vénétie ne titre au surplus que 13 % d’alcool. Ça se boit en criant coco !
À noter que ce serait également une excellente idée d’oublier toute nourriture et de le siroter pour lui-même, en plein air, sur la galerie, en priant très fort pour que le beau temps s’installe à demeure et que l’été, bientôt, ressuscite…
Voilà pour ma contribution en liquide au happening pascal. Ne forcez pas trop sur le chocolat, ça tache les doigts. À très bientôt !
Marc Chapleau
P.-S. Et avec tout ça je n’ai même pas parlé du rosé, pourtant le vin passe-partout par excellence ! Je vous invite donc à aller jeter un oeil sur le dernier texte de Nadia Fournier [Les choix de Nadia – Cellier], qui en recommande un très bon.
Note de la rédaction: vous pouvez lire les commentaires de dégustation complets en cliquant sur les noms de vins, les photos de bouteilles ou les liens mis en surbrillance. Les abonnés payants à Chacun son vin ont accès à toutes les critiques dès leur mise en ligne. Les utilisateurs inscrits doivent attendre 30 jours après leur parution pour les lire. L’adhésion a ses privilèges ; parmi ceux-ci, un accès direct à de grands vins!