Nouvelle-Zélande – Reportage Spécial

Comment la Nouvelle-Zélande redéfinit le vin fin – et un guide des meilleurs vins du pays

par John Szabo, MS

Cet article a été écrit à la demande expresse de New Zealand Winegrowers.

Le vin « fin », traditionnellement défini en fonction de facteurs comme l’histoire, le pedigree, la longévité, la rareté, le prix élevé – et un consensus autour de la qualité exceptionnelle et du caractère régional authentique – est en pleine révision. Être bon ne suffit plus. En plus des qualités précédemment mentionnées, le vin fin du 21e siècle doit aussi adhérer à un autre critère important : le développement durable.

L’idée de durabilité est utilisée ici dans son sens le plus large, soit un ensemble de pratiques qui protègent l’environnement, la viabilité économique et le bien-être de toutes les personnes participant à toutes les étapes de la production de vin.

Pratiquement toutes les régions et pays viticoles ont mis en œuvre une forme ou une autre d’autoévalutation permettant aux producteurs de comprendre, de suivre et d’améliorer leur performance dans ces domaines. Certains le font mieux que d’autres, mais le tout s’inscrit dans une tendance mondiale en faveur de produits plus éthiques. Dans certains pays, comme la Nouvelle-Zélande, on prend le développement durable particulièrement au sérieux.

C’est certainement la bonne chose à faire, d’un point de vue moral, mais il y a plus. C’est aussi une question de survie. De nombreuses études montrent comment les futurs amateurs de vins fins – les milléniaux et surtout, la génération Z – ont un rapport aux marques bien différent des générations précédentes. Vu qu’ils ont été exposés dès leur plus jeune âge à l’internet, aux réseaux sociaux et aux systèmes mobiles, ces (futurs) consommateurs hypercognitifs sont particulièrement capables de consulter et de recouper de nombreuses sources d’informations – et ils le font.

Résultat inéluctable : ces consommateurs veulent savoir la vérité et ils ont les moyens de la trouver. Leurs choix de consommation se font de façon très analytique et pragmatique, ce qui vient avec des préoccupations éthiques et une volonté d’influencer les changements positifs qu’ils souhaitent.

Ce n’est pas qu’une mode passagère. Le magazine Drinks Business a récemment publié un article intitulé Top 10 Defining Drinks Trends  qui place l’éco-durabilité et la montée du bio au sommet des tendances qui ont transformé le monde du vin au cours des vingt dernières années. Aussi, selon l’Organic Trade Association (OTA), il se boira un milliard de bouteilles de vin bio par année, d’ici 2023,  plus du double des 441 millions de bouteilles comptabilisées en 2013. La durabilité (vérifiable) est en train de devenir un élément incontournable du vin fin.

Une image verte

Déjà, les images des eaux turquoises et cristallines du Pacifique Sud entourant la Nouvelle-Zélande, des vallées subtropicales de l’île du nord, des pics enneigés des Alpes du sud, et les larges bandes de forêts vierges et de prairies constellées de moutons de l’île du sud donnent un avantage à la Nouvelle-Zélande, parmi les pays qui cherchent à dominer le monde du développement durable. Dans la tête de la plupart des consommateurs, la « marque » Nouvelle-Zélande est déjà celle d’un pays vert.

Au-delà de cette iconographie bucolique, l’industrie du vin néozélandaise s’est mobilisée afin de s’assurer que cette image soit aussi une réalité, plutôt qu’une fiction recouverte d’une mince couche de vert. Grâce à plusieurs initiatives, y compris la création des Organic Winegrowers New Zealand (OWNZ), dirigée par les viticulteurs et dédiée à soutenir la culture biologique, un programme de mitigation des changements climatiques, des améliorations aux systèmes d’évaluation du programme Sustainable Winegrowing New Zealand (SWNZ), ainsi qu’un programme de recherche sur les changements climatiques qui aide les producteurs à orienter leurs pratiques culturales, la volonté constante des Néo-Zélandais de bien prendre soin du territoire et des gens est devenue un véritable modèle à suivre.

En termes de chiffres, la Nouvelle-Zélande compte 111 producteurs de raisins certifiés bio et 73 domaines viticoles bio, ce qui représente juste un peu plus de 10% de tous les producteurs néozélandais. On est loin du record mondial, bien que les chiffres sont en hausse.

La position de tête revient toutefois à la Nouvelle-Zélande pour ce qui a trait au développement durable. Sustainable Winegrowing NZ est largement reconnu comme le leader mondial en termes de développement durable. Créé en 1997, il a été parmi les premiers à voir le jour dans le monde du vin. Présentement, 96% des vignobles néozélandais sont certifiés par ce programme. Un chiffre dont aucun autre pays ne s’approche.

Copyright owned by Jim Tannock 2009

Un regard approfondi sur le développement durable

D’un point de vue canadien, on pourrait se demander comment l’achat de vin néozélandais, au Canada, pourrait être considéré comme une option viable d’un point de vue environnemental. On ne pourrait pas faire venir le vin de plus loin. La pandémie, de plus, a renforcé l’intérêt pour l’achat local et les circuits courts et ceci devrait inclure le vin. Toutefois, les consommateurs cherchant à réduire leur impact environnemental doivent s’attarder à l’ensemble de la chaîne.

En effet, le transport ne compte que pour une partie des émissions de gaz à effet de serre (GES) associés à la production et à l’expédition de produits de consommation comme la nourriture et le vin. Et ce n’est pas la plus grosse partie. Les études montrent que la production du raisin, la vinification et l’emballage comptent pour près de 80% de l’empreinte carbone d’un vin, contre 20% pour le transport. La Nouvelle-Zélande étant une île, les vins sont expédiés sur les marchés internationaux par bateau, ce qui est cinq fois plus efficace, en termes de GES, que le transport routier. En fait, si vous prenez la voiture pour aller chercher vos vins, vos émissions par bouteilles sont probablement plus élevées que celles du transport d’Auckland à Halifax. On ne devrait donc pas isoler un seul facteur – comme la distance qui nous sépare du lieu de production.

Plusieurs facteurs montrent en ce sens que la Nouvelle-Zélande peut être une option viable. Par exemple, ce pays tire 80% de son énergie de sources renouvelables. La moyenne des 37 pays de l’OCDE se situe à 25% et, en 2019, le Canada n’en était qu’à 17,3%. Ceci signifie que les émissions associées la production de vin sont plus faibles en Nouvelle-Zélande, ce qui compte particulièrement quand on sait que le vin demande de fortes quantités d’énergie (et d’eau). De plus, New Zealand Winegrowers s’est engagé à ce que l’industrie du vin néozélandaise soit carboneutre d’ici 2050, en avance sur le calendrier établi par le Traité de Paris. Ce sont des messages très positifs qui devraient servir de guide aux industries du vin de tous les pays.

Je n’essaie pas de dire pour autant qu’on ne devrait pas favoriser l’achat local – ne serait-ce qu’en raison de l’impact économique favorable pour les Canadiens, après tout. Il s’agit simplement de souligner que l’achat local n’est pas automatiquement la meilleure solution sur le plan environnemental.

Il y a des développements très positifs chez plusieurs des principaux exportateurs néozélandais. Par exemple, Villa Maria, une des plus grandes compagnies familiales dans le secteur du vin, en Nouvelle-Zélande (également bien distribuée au Canada), a récemment annoncé que tous ses vignobles seraient certifiés biologiques d’ici 2030, ce qui est un engagement considérable. Même le géant commercial Brancott (producteur de la marque populaire Stoneleigh) a lancé une nouvelle ligne de produits bio (et végétaliens) sous la marque Living Brand, qui remet également 1$ par bouteille au Marlborough Falcon Trust, afin de soutenir leurs efforts pour restaurer les populations de faucons de la région. Quand même les plus gros joueurs commerciaux sont à bord, le message international est renforcé.

Villa Maria, Ihumatao Crater Vineyard

La qualité

Vin fin et souci environnemental doivent donc aller de pair – bien que, naturellement, le côté durable ne suffise pas pour obtenir le qualificatif « fin ». Il faut que le vin soit bon, aussi – et de ce côté, les nouvelles sont également bonnes.

L’équipe de WineAlign s’est assise en octobre pour déguster une soixantaine de vins envoyés par New Zealand Wine Growers, en bonne partie certifiés bio ou biodynamique, et 100% certifiées SWNZ (de façon assez futée, seuls les domaines certifiés de la sorte peuvent participer à de telles activités, ce qui favorise certainement le taux incroyablement élevé de certification à l’échelle du pays). De bout en bout, la dégustation aura été l’une des plus impressionnantes de l’année, pour nous, avec des vins mettant en valeur le climat frais (pinot noir et chardonnay, en particulier), en plus des célèbres sauvignons et d’autres blancs aromatiques. Excellents et certifiés durables : bref, des vins fins.

Fromm Vineyard

Pour en savoir plus

Si vous voulez approfondir vos connaissances, vous pouvez regarder la série The New Zealand Wine Diaries, une table ronde virtuelle en quatre temps à laquelle ont participé Ronan Sayburn MS, du restaurant 67 Pall Mall, à Londres, David Keck MS, producteur de vin organique au Vermont, votre humble serviteur et différents Masters of Wine néozélandais. Le dernier épisode se penche sur la question du développement durable et des vins bio, biodynamiques et naturels.

Vous pouvez aussi regarder ma vidéo IGTV 5 to 7 Winedown qui mettait en vedette quatre vins bios de Nouvelle-Zélande, à l’occasion de la NZ Organic Wine Week, fin septembre.

Un guide des meilleurs producteurs et vins de Nouvelle-Zélande

Vous trouverez ci-dessous mes choix, avec des contributions de Sara d’Amato et de Michael Godel. Pour les vins préférés de toute l’équipe, avec des notes de dégustation complètes, cliquez sur New Zealand 2020 (en anglais). Certains des prix n’étaient pas disponibles au moment de la publication. Contactez les agents directement pour connaître les disponibilités.

Marlborough & Hawkes Bay

Villa Maria Taylors Pass Single Vineyard Sauvignon Blanc 2019, Marlborough, New Zealand
29,95$, Philippe Dandurand Wines Ltd.

Villa Maria Reserve Cabernet Sauvignon Merlot 2018, Gimblett Gravels Hawkes Bay Hawke’s Bay
59,95$, Philippe Dandurand Wines Ltd.
John Szabo – Villa Maria, domaine fondé par Sir George Fistonich, un géant du monde du vin néozélandais, est admirable de bien des façons. L’entreprise connaît un succès immense, tout en restant administrée par la famille, et les vins offrent une qualité exceptionnelle de l’entrée de gamme aux cuvées parcellaires haut de gamme comme celles-ci. Le sauvignon Taylor’s Pass est plus riche et substantiel que le sauvignon habituel de la vallée d’Awatere, une sous-région de Marlborough où les vents forts et les rendements faibles sont la norme. Le cab-merlot de la réputée région de Gimblett Gravels, à Hawke’s Bay, est un style de climat frais absolument classique, avec de la mine de crayon et du caillou, du fruit noir croquant, du cassis et les notes d’herbes typiques de cette famille de cépage. À boire ou à conserver jusqu’à la fin des années 20.

Babich Family Estates Organic Sauvignon Blanc 2019, Marlborough
21,95$ (estimé), Dionysus Wines & Spirits Ltd.

Babich Wines Te Henga Sauvignon Blanc 2019, Marlborough
12,95$, Dionysus Wines & Spirits Ltd.
John Szabo – Fondé il y a plus de 100 ans, Babich est un autre grand producteur familial qui réussit bien, avec plus de 500 hectares de vignobles dans Marlborough seulement, mais aussi des vignobles près d’Auckland et à Hawke’s Bay. Les grandes échelles facilitent les rapports qualité-prix, et on le voit bien avec cet excellent sauvignon Te Henga, qui se goûtent aussi bien que bien des vins autour de 18$. Et on peut faire du bon bio à grande échelle, aussi, comme le montre bien cette version bio et progressive du sauvignon, une solide nouvelle entrée dans la gamme Babich.

Giesen Clayvin Vineyard Chardonnay 2015, Marlborough
44,95$ (estimé), Charton Hobbs

Giesen The August 1888 Sauvignon Blanc 2009, Marlborough
46,05$ (estimé), Charton Hobbs

Giesen Sauvignon Blanc 0%, Marlborough
14,95$ (estimé), Charton Hobbs
John Szabo – Les frères Giesen – Theo, Alex et Marcel – poursuivent la voie tracée par leur grand-père August Giesen. 11% des vignobles de ce producteur sont certifiés bio – et ça continue de monter – ce qui inclut le vignoble Clayvin, un porte-étendard de la maison qui est aussi le premier vignoble en coteau d’importance dans la sous-région des Southern Valleys, dans la région de Marlborough. On comprend bien pourquoi Clayvin a gagné une solide réputation quand on goûte ce que les Giesen en tirent, avec un chardonnay haut de gamme du niveau, disons, du Yattarna de Penfolds. La longueur et la profondeur sont vraiment exceptionnelles. Le sauvignon August 1888 est un hommage au fondateur, inclus dans ce rapport non pas parce qu’il est disponible, mais plutôt pour souligner que les sauvignons de Marlborough peuvent vieillir exceptionnellement bien quand ils sont faits dans ce style riche et boisé. Si un chanceux en a encore, c’est le moment de le sortir avec un souper au homard bien arrosé de beurre clarifié, ou avec des pétoncles ou d’autres crustacés aux notes d’umami. Autre tendance émergente en Nouvelle-Zélande : le vin à faible taux d’alcool ou sans alcool. Les Giesen montrent qu’ils sont à l’afut des tendances avec cet innovateur ex-vin de sauvignon à 0% d’alcool. L’alcool est retiré grâce à un processus unique qui en laisse moins de 0,5% – et du coup, seulement 10,6 calories par verre de 125 ml (six verres par bouteille). Tout à fait rafraîchissant, sans tout à fait être comme un vin, mais je m’en ferais bien un spritzer pour boire quelque chose de frais pendant un mois sans alcool.

Loveblock Orange Sauvignon Blanc 2019, Vegan, Sustainable, Marlborough
27,95$, The Vine Agency
John Szabo – Les infatigables Crawford – Kim et son épouse Erica – sont des pionniers depuis un bon moment. Si l’immense marque Kim Crawford n’est plus entre leurs mains, ils demeurent actifs avec Loveblock, un vignoble certifié bio dans la vallée d’Awatere. Cet « orange » est une rare version en macération du sauvignon blanc, avec un petit quelque chose d’unique : on utilise ici de la poudre de thé vert comme antioxydant naturel, plutôt que du soufre. Et bien qu’on retrouve une petite note vive et herbacée, il n’y a pas de lien gustatif évident. Ce que j’aime surtout, c’est l’aspect salin qui se fait sentir jusqu’en final. Un vin intrigant qui mérite qu’on s’y attarde tranquillement au fil d’une soirée.

Hans Herzog Mistral 2016, Marlborough Marlborough
59,90$ (estimé), à la recherche d’un agent
John Szabo – Hans Herzog semble avoir pour objectif constant de présenter ce qui est peut-être la plus grande diversité de cépages sous un même toit dans l’hémisphère sud – pas moins de 28, tirés de vignobles certifiés bio – et tous montrent un impressionnant niveau de qualité. Le Mistral 2016 est, comme le nom peut le suggérer, un assemblage de style rhodanien fait de 60% de viognier, 20% de marsanne et 20% de roussanne, fermenté sur les peaux avec des levures naturelles dans des tonneaux de 500 litres. Non-collé et non-filtré, il montre une robe d’un doré profond, avec des parfums denses et riches et un côté extrait en bouche, avec une acidité bien arrondie et une texture pleine et crémeuse. Un vin ambitieux et concentré, d’excellente qualité, hors des normes commerciales et loin des habitudes locales.

Dog Point Sauvignon Blanc 2019, Marlborough
27,95$, Noble Estates Wines & Spirits Inc.
John Szabo – Avec ses notes de pierre à fusil, le Dog Point est assez original pour Marlborough : ne vous attendez pas à l’habituelle explosion de fruit. Pourtant, le 2019 change un brin, avec un peu moins de « sulfides » et plus de pamplemousse et d’agrumes, de goyave et de fruit de la passion. Un ajustement qui le rendra probablement plus largement attrayant. De la longueur et de la profondeur, pour un ensemble à la hauteur (élevée) à laquelle on est habitué.

Spy Valley Pinot Noir 2016, Marlborough, South Island
26,95$, Noble Estates Wines & Spirits Inc.
Michael – Spy Valley semble avoir trouvé le moyen de faire des pinots noirs sympathiques, délicieux et bien faits à des prix on ne peut plus abordables. Ajoutez à cela une sélection de lieu et de raisins et vous voyez de quoi on parle.

Whitehaven Greg Reserve Sauvignon Blanc 2019, Awatere Single Vineyard, Marlborough
23,95$, E & J Gallo
Michael – Le Greg est le sauvignon blanc haut de gamme créé en hommage à Greg White, fondateur de Whitehaven et il y a là une complexité qui demande à se déployer. Onctueux, il se présente en couches successives, avec du fruit qui révèle de l’acidité, de l’acidité qui révèle du tannin, avant de revenir au fruit. À goûter encore et encore.

Whitehaven Pinot Noir 2016, Marlborough, South Island
26,95$, E&J Gallo
Sara d’Amato – Un pinot noir élégant et assez précis qui s’est bien développé en bouteille. Un brin épicé, avec une excellente concentration et une attention significative donnée au fruit, dans cette histoire.

Astrolabe Marlborough Pinot Gris 2008, Marlborough, South Island
18,75$, Rogers & Company
Michael – Ce  pinot gris produit par Simon Waghorn est d’une couleur riche, avec des éléments minéraux au nez et une touche rappelant presque le riesling, le tout dans un style demi-sec. On pense aux vins noisettés, tropicaux et à l’ancienne d’André Blanck, en Alsace.

Astrolabe Province Pinot Noir 2016, Marlborough
27,95$, Rogers & Company
Sara d’Amato – Un pinot noir éclatant et parfumé, tout à fait dans le style Marlborough, avec de la cerise rouge, de la pomme grenade, de la terre fraîchement labourée, de la réglisse et d’autres éléments botaniques au nez. La bouche montre un équilibre délicat de fruit et d’épice boisée qui s’est bien intégré avec le temps. Bonne humeur, bonne concentration et texture veloutée. Un style commercial bien fait qui devrait plaire à beaucoup d’amateurs.

Blank Canvas Wines ‘Escaroth’ Pinot Noir 2017, Marlborough
49,99$ (estimé)
John Szabo – La devise de Black Canvas Wines, « fait sans recettes », est très juste, tout comme leur présentation où ils expliquent que « nos vins ne sont pas pour tout le monde, mais nous préférons faire des vins que quelques-uns vont adorer, plutôt que des vins que tout le monde va apprécier. » Clairement, une cuvée pour les amateurs de vins naturels, avec un profil ouvert, épicé, énergique (pour ne pas dire volatile) avec des notes de sous-bois, le tout fait à 50% en grappes entières, ce qui ajoute au côté un peu herbacé et végétal qui passe bien devant le fruit. Bien que le vignoble Escaroth soit situé dans les terroirs très argileux de la sous-région de Southern Valleys, la structure est assez légère. À boire plutôt à court terme pour profiter du fruit.

Martinborough

Luna Estate Blue Rock Pinot Noir 2018, Martinborough
50$ (estimé), Noble Estates Wines & Spirits Inc.
John Szabo – Prendre soin de la terre et des ressources naturelles de façon durable, voilà qui est au cœur de la philosophie de Luna Estate, afin d’exprimer la diversité de leurs deux vignobles. Le pinot noir Blue Rock Vineyard est mon préféré, tiré d’un vignoble plutôt chaud et tout en courbe faisant face au nord, avec une géologie rare, dans le contexte des sols de gravier typiques de Martinborough, puisque ce vignoble est situé sur un ancien fond marin avec des couches de limons argileux, de calcaire, de grauwacke – et de la roche bleue qui donne son nom au vignoble. Le vin déborde des parfums séduisants et classiques du pinot, avec de l’équilibre, une belle définition, de l’élégance et du raffinement.

Left Hand Paddy Borthwick Pinot Noir 2018, Wairarapa
66$ (estimé), Nicholas Pearce Wines Inc.
Sara d’Amato – Un jeune pinot tendu au nom évoquant la personnalité de l’œnologue Braden Crosby dont la logique, la créativité et la précision donnent à son travail de vinification un caractère distinctif. Une expression croquante et complexe, avec un bon potentiel de vieillissement qui montre bien les qualités offertes par une vinification attentive.

Waipara/North Canterbury

Greystone Pinot Noir 2017, Waipara Valley
42$ (estimé), Noble Estates Wines & Spirits Inc.
John Szabo – Tiré des vignobles bios de Greystone, sur les terroirs calcaires de la vallée de Waipara, à North Canterbury, ce pinot mûr et porté sur le fruit noir est très structuré et pas encore à son sommet : à revisiter après 2022 pour profiter de la pleine expérience. Si vous pouvez le trouver. Le pinot noir Vineyard Ferment de Greystone est également à ne pas manquer. 2017 est le troisième millésime où cette cuvée est embouteillée séparément, à partir de lots vinifiés dans des cuves directement installées dans le vignoble (plastique au départ, ciment désormais), afin de faire taire le débat à propos de la provenance des levures indigènes, au vignoble ou au chai (il y en a dans les deux endroits).

Central Otago

Quartz Reef Methode Traditionnelle Blanc De Blancs 2013, Central Otago
75$ (estimé), Amethyst Wine Agency Inc.
John Szabo – Les vins biodynamiques certifiés Demeter de Rudi Bauer sont parmi les meilleurs de la Nouvelle-Zélande et ce mousseux fait certainement partie des meilleurs Blancs de Blancs de l’hémisphère sud. Merveilleusement sapide et salin, équilibré et énergique, avec une longueur et une profondeur épatantes. À boire maintenant ou à garder en cave pour une autre décennie.

Valli Waitaki Vineyard Pinot Noir 2018, North Otago
85,95$ (estimé), The Living Vine
John Szabo – J’admire les vins de Grant Taylor, pionnier admiré de Central Otago, depuis que je les ai goûtés pour la première fois en 2013, en Nouvelle-Zélande. Ils étaient et sont toujours d’une finesse et d’un charme remarquables, avec un mélange de fluidité et de caractère. Ce pinot noir de la région relativement neuve de Waitaki, au nord de Central Otago (la première vendange commerciale a eu lieu en 2004, dans cette région) est absolument saisissant, avec des notes de rose et de poussière. Un vin tout en finesse et en élégance, succulent et équilibré, spectaculaire à tous points de vue. Tout ce que fait Valli mérite qu’on s’y attarde.

Rippon Mature Vine Pinot Noir 2016, Wanaka, Central Otago
63,00$, Cru Wine Merchants
John Szabo – En plus d’être parmi les plus photogéniques de la planète, les vignobles Rippon produisent des vins tout aussi uniques. Travaillant en biodynamie, Nick Mills cherche à exprimer dans ses vins la « voix de Rippon », l’expression la plus précise possible du lieu. Tiré des plus vieilles vignes du domaine, ce joli pinot offre un fruit très pur qui chante dans le haut du registre. J’ai bien aimé les notes florales légères, la pureté, sans autre effet du bois que ses doux effets oxydatifs. Loin d’être un blockbuster, voici un vin bâti sur la finese et la subtilité, délicat mais montrant une personnalité bien définie.

Burn Cottage Moonlight Race Pinot Noir 2016, Lowburn Central Otago
59,95$, The Living Vine
John Szabo – La famille Sauvage a acheté ce qui est devenu le Burn Cottage Vineyard dès 2002, mais ils allaient prendre plusieurs années avant de planter, afin d’évaluer quels sites potentiels répondaient le mieux aux traitements biodynamiques, soit ceux où la végétation locale montrait la meilleure vigueur. Les parcelles les plus favorables ont été plantées sous la supervision du vigneron biodynamique américain Ted Lemon, de la maison Littorai, et ils ont été cultivés de la même manière depuis. Moonlight Race est le pinot d’entrée de gamme de Burn Cottage et son nom évoque un cours d’eau qui se déverse dans l’étang de la propriété. C’est un mélange de vins du domaine et de deux autres parcelles achetées et cultivées par l’équipe de Burn Cottage. De toute beauté, délicat et floral, avec une texture ferme et soyeuse et une qualité saline. Un vin qui se boit tout seul.

Grasshopper Rock Earnscleugh Vineyard Pinot Noir 2017, Central Otago
44,95$, Paradigm Fine Wine Agency
John Szabo – Le vignoble Earnscleugh de la maison Grasshopper Rock, situé dans la sous-région de l’Alexandra Basin de Central Otago, produit des pinots noirs bons pour la cave qui se révèlent lentement, avec leur structure acide serrée, ainsi que des taux d’alcool modérés (13% sur l’étiquette, ici). À carafer absolument si vous le servez maintenant, mais on peut attendre 5 à 7 ans.

Voilà qui conclut ce rapport. On se revoit autour d’une prochaine bouteille verte.

John Szabo, MS

Cet article a été écrit à la demande expresse de New Zealand Winegrowers. Dans le cadre de ses contenus réguliers, l’équipe de WineAlign goûte des vins soumis par un seul domaine, agent ou région. Nos chroniqueurs goûtent alors les vins en toute indépendance, comme toujours, et leur donnent une note et un pointage – bon, mauvais ou moyen – et leurs notes sont incluses dans notre base de données. Nous recommandons ensuite, de façon indépendante, les vins qui apparaissent dans l’article. Les domaines, agents ou régions paient pour ce service. Des publicités pour certains des vins peuvent également apparaître sur le site, au même moment que l’article, mais le choix des vins mis en valeur dans l’article revient exclusivement à WineAlign.