Hors des sentiers battus – Octobre 2017
La cave, la suite
par Marc Chapleau
J’ai eu une fraction de seconde envie de faire un mauvais jeu de mots, mais ce n’est pas mon genre, vous me connaissez.
Cela dit, je ne suis pas plus cave qu’un autre… Surtout que des déconvenues, quand on met du vin au frais pour plusieurs années, tout le monde en a un jour.
Voici le topo.
Samedi soir dernier – samedi c’est toujours un bon jour, pour ouvrir de beaux flacons –, pour le souper de fin de semaine, donc, nous avons arrosé la dinde de bons vieux bordeaux.
Juste deux bouteilles, vraiment rien d’orgiaque : un Lynch-Bages 2005 précédé d’un pessac-léognan, le Château Malartic-Lagravière 2012.
Petit millésime, ce dernier – eu égard aux vedettes que sont par exemple 2000, 2005, 2010 et 2015 (tiens tiens, tous des multiples de cinq). Un vin, ce Malartic, qui allait en principe être certes plus léger et moins concentré, mais aussi plus fruité et plus digeste.
Plus à même, autrement dit, de préparer le terrain en vue de l’arrivée sur la table du grand seigneur de Pauillac, douze ans bien sonnés et issu d’un millésime encore aujourd’hui plébiscité, même si certains ont commencé à émettre des réserves.
Anyway. On peut, je pense bien, parler d’arroseur arrosé. Peut-être pas d’histoire d’horreur, mais de pétard mouillé ça oui, c’est certain.
Le Lynch-Bages n’était pas mauvais et surtout pas altéré, loin de là. La couleur était belle, relativement jeune, à peine orangée au pourtour. Au nez ça allait aussi, rien de végétal, pas de poivron vert ici, plutôt du fruit bien mûr et un boisé tout à fait intégré, sans intempestives notes vanillées.
Par contre, en bouche…
Manque de nerf, de tonus, de structure tannique. Des airs de Cabernet du Nouveau-Monde, et pas de l’étoffe des meilleurs.
Je sais. Lynch, dans ces années-là du moins, on disait volontiers qu’il racolait. Beaucoup de bois, beaucoup de chair, peu de minéralité, de tension.
Si bien, fin de l’histoire, que le « petit » Malartic, tout plein de fruit et de fraîcheur, lui a foutu une trempe, appelons un chat un chat.
Quand même ! Au prix où se vend le Lynch-Bages aujourd’hui, les attentes étaient à bon droit très élevées.
À moins que… la sempiternelle mauvaise passe ? Parce que le lendemain, dans sa bouteille entamée au quatre cinquièmes, mis sous le respirateur artificiel – un Vacuvin® –, le Lynch s’était amélioré. Sans assurer sa pleine et totale rédemption, le fait de prendre un bon bol d’air et de reposer toute une journée l’aura requinqué.
Moralité ? J’en avais trois, m’en reste deux ; que diriez-vous, cher ami, de ne pas faire d’autre prélèvement à la source avant au bas mot trois ou quatre ans, dans ces eaux-là ?
~
À BOIRE, AUBERGISTE
Jean-Paul Brun l’Ancien Beaujolais 2016 – Un simple beaujolais de haute volée, pur fruit, gouleyant, qui dévale tout seul le gosier, avec des notes florales. Un rouge léger et acidulé, mais avec aussi une belle texture suave. Excellent ! [19,15 $]
Barton & Guestier M De Magnol 2015 – Un côtes-de-bordeaux concentré et généreux, légèrement capiteux (année chaude que 2015), avec une bonne acidité et une bonne structure tannique. Notes poivrées et réglissées en rétro-olfaction. Très bon. [18,65 $]
San Pedro 1865 Carmenère 2015 – Belle réussite que ce Carmenère chilien nerveux et généreux, légèrement herbacé, sans excès, aux saveurs corsées et au caractère plutôt sec – seulement 2,4 g de résiduel. Bon rapport qualité-prix. [22 $]
Causse Marines Les Greilles Gaillac 2016 – Toujours aussi déroutant, ce blanc du Sud-Ouest, mais toujours aussi original, également, très en fraîcheur malgré la présence de sucre résiduel (5 g). Sinon, c’est agrumes et foin coupé, essentiellement, ainsi qu’un reste de gaz carbonique qui avive le tout. [24 $]
Château-Thébaud Muscadet Sèvre et Maine 2012 – Très bon muscadet, vin blanc de la Loire, à la fois fruité et minéral, léger et gras, avec du moelleux tout en étant bien sec. Finale florale et citronnée, avec une pointe fumée. Pas donné, mais la qualité y est. [24,90 $]
Jean-Claude Boisset Pouilly-Fuissé 2016 – Blanc bourguignon gourmand et fruité, au boisé notable mais de qualité. Des airs de chardonnay du Nouveau Monde, cela dit, avec ses accents un brin tropicaux. [24,45 $]
Champagne Brut Régence Brimoncourt – Excellent champagne issu d’un assemblage de chardonnay (80 pour cent) et de pinot noir. Agréablement brioché, assez élégant aussi, vif et sec, à la finale bien nette. Compte tenu du prix (élevé) des champagnes au Québec, un très bon achat. Dosage : 6-7 g. [57,25 $]
Saumur-Champigny Terres Rouges Domaine de Saint-Just 2016 – Notes végétales et fruitées (la cerise) au premier nez, le tout en finesse ; la bouche est à l’avenant, bien dessinée, mi-corsée, avec une belle texture et pas mal d’élégance. À ce prix, sans hésiter ! [22 $]
Joseph Faiveley Montagny blanc 2014 – Très bon bourgogne blanc, bien nerveux, au boisé en bride, avec de l’allonge, une bonne persistance. Très bon rapport qualité-prix. [25,60 $]
Marc
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