Chacun pour soi, et du vin pour tous !
Permettez d’abord que l’on se présente…
Des fois, surtout à l’âge que j’ai, je me sens comme un vieux lion qui ronchonne. Un vieux lion — enfin, pas si vieux, quand même — qui se plaît à prendre le contrepied d’idées largement reçues, même, et peut-être surtout, parmi l’intelligentsia du vin.
Sauf que… j’ai toujours été comme ça, du genre rouspéteur et indigné. Même à mes débuts dans le vin, au journal Voir qui venait d’être fondé, fin des années 1980. Si bien qu’au final, au moment où l’on se parle, on pourrait en gros me résumer à ceci : je suis à la fois un empêcheur de tourner en rond et un amuseur public. C’est-à-dire un homme foncièrement bon et généreux, bien qu’un peu baveux sur les bords, à ses heures…
D’accord, c’est vrai, j’ai été plus consensuel et accommodant du temps de Cellier, ce magazine que j’ai tant aimé. Mais même là, je pense qu’on a produit les belles années quelque chose avec du relief et du bagout — et parfois, même, avec un peu de chien.
Parlant de cela, l’image du bouledogue à Robert Parker me vient en tête, celui qu’on voyait dans Mondovino et qui, à défaut de baver, pétait allègrement — le pitou, pas son maître.
LE CHIEN PÉTEUR ?
Parker, on le sait, c’est cet ex-gourou du vin, un avocat états-unien, qui a encore une fois récemment défrayé la chronique du monde viticole. Le gros Bob n’en peut plus, apparemment, de lire des blogues et des comptes rendus sur le Net qui parle de maudits cépages bizarres, obscurs, dont personne n’a entendu parler ou plutôt, dont personne ne devrait selon lui entendre parler… puis l’opinion de sa consoeur britannique, Jancis Robinson.
Ce que j’en pense ? Je suis pas mal d’accord avec cette dernière, quand elle dit avoir pour sa part déjà dégusté des vins provenant de cépages ou d’appellations bizarres, peu usités, et qui l’ont néanmoins charmée. Ce qui ne l’empêche pas, ajoute-t-elle en substance, d’adorer les bons bordeaux, les bourgognes et les grands toscans, notamment.
Le monde du vin comme toute chose évolue, et la vitesse du changement, avec l’arrivée des nouvelles technologies, n’a fait qu’augmenter. Évidemment, dans la foulée, mouvement du balancier, il y a des excès de tous bords tous côtés. Ainsi, les modes et les tendances qui se succèdent, souvent simplement en réaction à des conservateurs comme Parker, par exemple, ou à des vins soi-disant formatés et industriels, qui nous éloigneraient de la Nature et de la Terre Mère. Ou qui ont le tort d’être platement blancs, rouges et rosés, alors qu’ils pourraient être orange…
CHANGEMENT DE DÉCOR
Mais nous aussi, on change. Nous aussi, on n’aborde plus le vin aujourd’hui comme on le faisait encore naguère.
J’en ai fait perso l’expérience, récemment. C’était un samedi, ce jour béni qui est à l’amateur de vin ce que le dimanche est au chrétien. Au menu pour le souper, gigot d’agneau et Léoville-Barton 2001, un grand saint-julien pas très loin d’être prêt à boire, d’une finesse et d’un dépouillement étonnants.
Justement ! Sur le coup, après le premier verre, je me suis tourné vers mon voisin de table, un ami trentenaire lui aussi passionné de vin : « Tu ne trouves pas que ça manque de richesse un peu, de concentration ? Me semble que c’est mince un peu, non ? » Il trouvait que oui, bien qu’on ait tous les deux rapidement fini par adorer ce Barton tant il était digeste et se buvait tout seul.
Ce qui s’est tout simplement passé, du moins est-ce ainsi que je l’explique, c’est que ce Léoville ne titrait que 12,5 % d’alcool, comme c’était à peu près la norme en ce temps-là non seulement à Bordeaux, mais également en bien d’autres régions françaises.
Alors qu’aujourd’hui, réchauffement global aidant en partie, nos vins tournent plus autour de 13,5 % voire 14 % et parfois même plus. On s’est habitués à des vins plus joufflus, plus pleins et plus corsés. Bref, on a un peu perdu l’habitude des vins plus légers, du moins en ce qui a trait aux grandes régions viticoles traditionnelles.
Faut-il s’en inquiéter ? Se dire que déjà qu’apprivoiser le vin est compliqué, si les choses se mettent à changer jusqu’à ce niveau-là, on n’est vraiment pas sortis de l’auberge ?
Nan. Comme disait ma tante Ginette, le changement, c’est de l’agrément. Plus ça bouge, plus ça bourdonne, plus on est mêlés, et plus on est en vie, plus le fun est pogné !
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Marc Chapleau
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